L’Édito de M La Scène Novembre 2021

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Alors cette rentrée théâtrale ?

Pour M La Scène, la rentrée a commencé par un coup de cœur :  Illusions perdues  mise en scène par la jeune metteuse en scène Pauline Bayle. Spectacle vu au Théâtre de la Bastille. Le roman foisonnant de Balzac est adapté avec fougue. La mise en scène vitaminée emporte l’adhésion. Le spectacle est défendu par cinq acteurs à l’énergie revigorante. Choix étonnant et qui fonctionne : Jenna Thiam y incarne, au-delà du genre, Lucien, le jeune poète « beau comme une femme », tel que le décrit Balzac. La jeune comédienne se jette dans l’arène du plateau comme « un gladiateur qui doit affronter des bêtes » et ne relâche à aucun moment l’intensité de son jeu. Interview de Pauline Bayle à retrouver ici. En écho, dans l’actualité, le film de Xavier Giannoli montre combien la comédie humaine balzacienne est encore source d’inspiration.

Une déception a suivi : Fraternité, conte fantastique de Caroline Guiela Nguyen. On n’avait pu découvrir le spectacle au Festival d’Avignon et on se réjouissait de le voir aux Ateliers Berthier. Malgré un thème original qui avait tout pour toucher, cette création de Caroline Guiela Nguyen ne convainc pas. La fable évoque la perte brutale d’êtres chers mais brouille le message par un traitement futuriste. Des relents de scientologie, de plus, ne peuvent que gêner.

Et puis, bien sûr, la rentrée théâtrale est marquée par de belles découvertes.

Comme tu me veux de Luigi Pirandello, mis en scène par Stéphane Braunschweig, ouvre la saison du Théâtre de L’Odéon. Le metteur en scène offre un rôle poignant à Chloé Réjon. L’actrice, magnifique, s’affirme comme la maîtresse du jeu. Interview de Stéphane Braunschweig à retrouver ici. Ou Les Démons, à la scénographie impressionnante, mis en scène par Guy Cassiers à La Comédie-Française.

Dans la programmation du Festival d’Automne à Paris, toujours stimulante : Hamlet mis en scène par Luca Giacomoni ou Andromaque à l’infini mis en scène par Gwenaël Morin. Les deux metteurs en scène interrogent « l’acte vrai » au théâtre en plaçant sur le plateau des comédiens professionnels et d’autres qui ne le sont pas. L’aléatoire fabrique le risque et insuffle la vie. Interview de Luca Giacomoni à retrouver ici.  Interview de Gwenaël Morin à retrouver Ici.

Quant à Sylvain Creuzevault, il réussit son pari en adaptant Les Frères Karamazov et en parvenant à en restituer les paradoxes qui font la richesse du roman de Dostoïevski.

Enfin, au Monfort Théâtre, Sleeping mis en scène de Serge Nicolaï, librement inspiré du roman Les Belles endormies de Kawabata, offre à Yoshi Oïda une partition sensible que le grand comédien nourrit de sa chair et son âme. Interview de Serge Nicolaï à retrouver Ici.

Interview de Yoshi Oïda à retrouver ici.

Pour finir, le rideau se lève enfin sur les abus sexuels qui sévissent dans le milieu du théâtre à travers le récent #metootheatre. Il aurait été naïf de penser que le milieu du cinéma était l’unique endroit artistique où des hommes en situation de domination pouvaient user de leur pouvoir sur des comédien.ne.s en formation ou en attente d’un rôle ! On ne peut que souhaiter qu’une parole nécessaire soit portée haut et entendue. Sur un plateau de théâtre, c’est pour le moins, ce qui est attendu.

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