Au Funambule Montmartre, La Cie Les Pieds nus propose un Cyrano de Bergerac étonnant, baroque, entièrement féminin, où le masque enrichit le jeu.
Le panache au féminin
Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand fut, dès la première représentation, un tel succès que son auteur fut décoré le soir même de la Légion d’Honneur. Depuis 1897, l’engouement du public pour ce personnage haut en couleur ne s’est jamais démenti. Bravache, truculent, escrimeur hors pair, pourfendeur des hypocrisies, amoureux malheureux, âme noble au visage disgracieux, le Cyrano littéraire a transcendé l’homme qui fut son modèle. Le gascon de théâtre a éclipsé la figure de l’écrivain bretteur du XVIIème siècle, Savinien de Cyrano de Bergerac. Ses combats, ses joutes verbales, sa maîtrise du langage, son héroïsme cocardier, propulsent le personnage vers une sorte d’idéal totémique masculin.
A contre courant de cette représentation canonique, La Compagnie Les Pieds nus, dirigée par Iana-Serena de Freitas, imagine une adaptation novatrice du texte de Rostand. Les trois comédiennes s’emparent de la pièce pour la tirer du côté du baroque et inversent le schéma attendu. Sans rien céder à l’exigence du vers, ni au déroulé de l’intrigue, les trois actrices campent, dans un va-et-vient rythmé et convaincant, les différents personnages. Masques aidant, Cyrano, Montfleury, Roxane, de Guiche, Christian, la duègne, et d’autres investissent le plateau avec énergie, facétie et force. Les maquillages, l’éclairage aux bougies, les costumes soignés, séduisent. La mise en scène de Bastien Ossart, à la précision chorégraphique, sert la vitalité des interprètes.
Pour découvrir que le panache est aussi féminin, il faut aller à la rencontre de ce Cyrano tout à fait étonnant. ♥♥♥♡♡
Funambule Montmartre Du mercredi au samedi 19h ou 21h (en alternance)
Les dimanches 17h30
Avec Iana-Serena de Freitas, Lucie Delpierre, Nataly Florez
en alternance avec Marjorie de Larquier
Mise en scène Bastien Ossart
Une production Théâtre Les Pieds Nus & Le Funambule Montmartre
Lire une autre critique M La Scène