Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face

mise en scène Catherine Vasseur

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APRÈS LA REPRÉSENTATION... LES INTERVIEWS DE M LA SCÈNE : Catherine VASSEUR

A l’Artéphile, Catherine Vasseur propose une mise en scène délicate du texte de Jean Cagnard, « Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face » . Julien Defaye et Vincent Leenhardt, les deux comédiens, captivent par leur justesse.


Un clair obscur poignant

Issu d’une résidence dans un centre thérapeutique pour toxicomanes, le texte de Jean Cagnard, « Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face » a mis pratiquement dix ans à s’écrire. Il fallait « trouver la bonne distance, la bonne dramaturgie  » ainsi que l’indique Catherine Vasseur.

Sur scène, tout commence dans le noir. Une voix pose ses mots dans la pénombre, obligeant le spectateur à scruter les ténèbres pour tenter d’en discerner l’auteur. Sans succès, dans un premier temps. Il faudra renoncer. Nous sommes sur le trottoir d’en face. Étrangers, séparés, de celui qui parle. Quand la lumière se fait, elle laisse à peine apparaître l’homme qui se tient face à nous. Halo mouvant, changeant, elle glisse, s’estompe, revient, comme si elle était en incapacité à se fixer.

Le beau travail de Catherine Noden sur les lumières accompagne les choix de mise en scène de Catherine Vasseur. « Pour moi, c’était important de donner l’idée d’une continuité. D’un processus qui se développait dans le temps et qui passait par des moments de lumière ou de pénombre. Il y a des moments avec, et des moments sans, dans ces parcours-là. » De fait, l’espace semble fluctuant, ouaté, pris dans un entre-deux qui échappe au froid réel.

Pourtant, ce qui se joue sur scène est souvent déchirant. Entre le « résident »  (Julien Defaye) et son « éducateur »  (Vincent Leenhardt), un face à face poignant oppose celui qui se noie et celui qui lui tend la main. Julien Defaye est saisissant de vérité. Sombre et lumineux, il touche au plus au point. Le manque taraude son corps et son esprit, mais le rire nait parfois de sa fantasque perception du réel. Vincent Leenhardt offre un contre-point solide. Il est celui qui apporte les fleurs offertes symboliquement par le courage du toxicomane. Les fleurs s’accumulent sur la table. L’image fait mouche, évoquant le fil sur lequel se tient l’homme blessé et le choix qui s’offre à lui. Une tombe fleurie ou l’appel coloré de la vie.


Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face, mise en scène par Catherine Vasseur est à découvrir à l’Artéphile.

Le texte de Jean Cagnard(Éditions Espaces 34) a reçu le Grand Prix de Littérature Dramatique 2018.

Les LM de M La Scène : LMMMMM



Quand toute la ville est sur le trottoir d’en face

Théâtre ARTÉPHILE

du 7 au 26 juillet – Relâches : 13, 20 juillet

à 11h55

Auteur : Jean Cagnard

  • Mise en scène : Catherine Vasseur
  • Interprète(s) : Julien Defaye, Vincent Leenhardt
  • Scénographie : Cécile Marc
  • Lumière : Catherine Noden
  • Univers sonore et musical : Jérôme Hoffmann
  • Régie : Antoine Marc-Lanoy
  • Production : Hélène Sorin
  • Diffusion : Eugénie Vilaseca

 

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