Roméo et Juliette mise en scène Eric Ruf

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L MMM Roméo et Juliette mise en scène Eric RUF

A la Comédie Française, Eric Ruf s’attaque à la pièce mythique de Shakespeare, Roméo et Juliette, qui n’avait pas été recrée depuis 1954. La scène s’ouvre sur Bakary Sangaré, en avant scène, prologue souriant, lançant la pièce tandis que les lumières de la salle s’éteignent. Derrière le rideau, sur une place de Vérone, une fête bat son plein. Lampions. Chanteur sur estrade. Couples de danseurs. Groupes en mouvement qui bientôt s’affrontent. Les deux familles des Montaigu et des Capulet sont là. Nous sommes dans l’Italie de l’entre-deux-guerres, dans une ville du sud marquée par son passé prestigieux mais usée, pétrifiée dans ce qui fut glorieux.

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Photo Pascal Victor

Une esthétique sensible

 La scénographie d’Eric Ruf, particulièrement réussie, s’anime sous les lumières diffuses de Bertrand Couderc. De grands blocs rectangulaires ou carrés aux teintes grisées et blafardes se déplacent et créent l’espace: extérieurs balayés par l’éclat changeant du jour, intérieurs carrelés à l’austérité monacale. La scène du balcon est à ce titre magnifique. Juliette, vibrante, perchée comme un oiseau fragile, tout en haut de sa tour de granit blanc, tutoie le ciel et défie les conventions, comme irradiée par la lueur bleutée des étoiles. Les sons additionnels de Jean-Luc Ristord concourent à souligner la beauté des images.

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 Photo Jacques Demarthon

Une interprétation inégale

Pour incarner Juliette, jeune héroïne rebelle, assoiffée d’absolu, Eric Ruf a choisi Suliane Brahim. L’actrice a la vivacité, la fraîcheur et  la grâce fébrile de la jeune fille en quête de liberté. Elle incarne avec force l’amante transgressive, celle qui ose s’opposer à l’autoritarisme paternel. Face à elle, Jérémy Lopez campe un Roméo trop âgé et ne convainc pas. Il y a dans le couple quelque chose qui ne fonctionne pas, comme si l’ardente Suliane Brahim attirait toute la lumière. D’autres interprètes s’imposent aussi : Pierre-Louis Calixte (Mercutio) à l’élégance irrespectueuse,  Didier Sandre (Capulet) à la dureté explosive et Claude Mathieu (la nourrice) toujours parfaite. 

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Photo Vincent Pontet

Les catacombes de l’émotion 

Lorsque le rideau s’ouvre sur la dernière scène, celle du caveau, le spectateur est saisi par l’image qu’il découvre. Juliette ( Suliane Brahim)  est drapée dans un costume mortuaire chamarré (Christian Lacroix), plaquée contre le mur parmi les squelettes de ses ancêtres.  Le tableau étonnant évoque les expositions morbides des catacombes de Palerme. 

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Étonnamment, passé le moment de stupéfaction, l’émotion semble vidée de sa substance comme si la verticalité du corps de Juliette l’excluait du cercle de la passion. Roméo ne peut l’étreindre. Le meurtre de Paris et le suicide de Roméo à ses pieds paraissent dénués de chair. Eric Ruf fait le choix de couper la réconciliation des deux familles. La pièce se termine donc sur cette scène esthétiquement travaillée pour l’image mais qui assèche l’émotion.

http://www.comedie-francaise.fr/spectacle-comedie-francaise.php?spid=1471&id=517

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