Le Chant du bouc par La Compagnie à

Critique M La Scène ♥♥♥♥♡

561

Au Mouffetard Théâtre, La COMPAGNIE A présente « Le Chant du bouc », un théâtre d’objets, joyeux et inventif, où l’esthétique et la gestuelle s’amusent à reprendre les codes du cartoon.

Une tragédie du quotidien

Une banlieue proprette et lisse, qui rappelle celle des années cinquante aux Etats Unis, s’agrandit. Une femme s’est installée depuis peu avec son chien. Son existence est réglée du matin jusqu’au soir, aussi cadrée que son rectangle de pelouse. Dès lors, chaque arrivée d’un nouveau voisin est une épreuve, une source d’angoisse. Il faut se confronter à l’autre et à un possible bouleversement de son quotidien. Si le premier arrivant aspire au même conformisme et reproduit avec bonheur les mêmes schémas sociaux attendus, un deuxième va mettre à mal la fausse harmonie petite bourgeoise sécurisante. Sur sa parcelle, pas de joli pavillon, mais une caravane. Dans son allée, pas d’automobile rutilante, mais un vélo. Dans son jardin, pas de pelouse bien tondue mais, trois bouts de salade que dévore, à l’envi, son bouc. 

Le Chant du bouc
Dorothée Saysombat dans Le Chant du bouc © Jef Rabillon

Le Chant du bouc, mis en scène par Nicolas Alline et Dorothée Saysombat, s’amuse joyeusement à jouer avec les sources de l’antique tragédie. D’un bouc sacrifié, il est bien question. Comme à Athènes, au Ve siècle avant JC, sur l’autel de Dionysos, la sang de la bête est réclamé pour expurger les viles passions qui pourraient déstabiliser la cité. La paix dans la banlieue conservatrice sera-t-elle à ce prix ? 

Pas Si loin de Tex Avery

La Compagnie A choisit l’humour et une esthétique de cartoon pour interroger cette tragédie du quotidien. Les trois interprètes (Nicolas Alline, Dorothée Saysombat et Jean-Pierre Hollebecq) campent des personnages  hauts en couleur que l’on dirait sortis d’un dessin animé, tandis qu’un musicien sur scène (Nicolas Gallard) accompagne en direct les différents tableaux. Les objets sont avant tout maniés pour en souligner l’utilisation ritualisée. Parallèlement, le corps et le visage des acteurs donnent à voir l’exacerbation des sentiments et des ridicules. On est parfois pas si loin de Tex Avery, avec des objets factices brandis lors de poursuites surjouées.  L’ensemble est soutenu jusqu’à la pirouette finale.

« La Compagnie à « , avec son spectacle Le Chant du bouc, montre encore une fois l’extrême richesse et vigueur du théâtre d’objets. A découvrir au Mouffetard Théâtre. ♥♥♥♥♡

Du 19 au 22 mars 2020

Le Chant du bouc  de La Compagnie à

Direction artistique, écriture et mise en scène : Nicolas Alline et Dorothée Saysombat
Regard extérieur : Nicolas Quilliard
Interprétation : Nicolas Alline, Dorothée Saysombat et Jean-Pierre Hollebecq
Composition et interprétation musicale : Nicolas Gallard
Création lumières : Rodrigue Bernard

Découvrir une autre critique M La Scène sur le Théâtre d’objets

laissez un commentaire

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies. Accepter En savoir plus