L MMM Arlequin poli par l’amour mise en scène Thomas Jolly

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Arlequin ou l’émancipation en Question 

Quand un benêt rencontre une bergère, qu’est-ce qu’ils se disent ? Écrite en 1720, la pièce en un acte de Marivaux, met en scène la réunion de ces deux figures de l’innocence. Arlequin et Sylvia découvrent l’amour et s’émancipent des noirs desseins des autres personnages. Sylvia repousse le berger qui la convoitait. Arlequin s’éduque et triomphe de la fée qui le désirait. L’amour a « poli » le jeune homme et lui a donné les armes pour maîtriser les arcanes du langage. Désormais, maître des mots et de leur pouvoir magique, il peut mentir et devenir « sorcier » à la place de la « sorcière ».

Thomas Joly reprend les éléments merveilleux de la fable – le conte de fée – mais en lui conférant une portée symbolique. Que va faire Arlequin de ce nouveau pouvoir ? S’il s’émancipe de l’emprise des autres, ne peut-il s’émanciper de l’amour même et opter pour la tyrannie ? C’est ce que semblent évoquer les dernières images proposées par le spectacle de « La Piccola Familia » où le jeune homme innocent repousse Sylvia et se métamorphose définitivement en un être infernal.

Arlequin poli par l'amour
   Arlequin poli par l’amour (c) Nicolas Joubard

TRANSPARENCE Et Illusion 

La belle scénographie élaborée par Thomas Joly joue de la transparence et de l’illusion pour créer un univers où le merveilleux cohabite avec l’effrayant, où la farce côtoie la délicatesse. Le plateau nu est parfois délimité par un rideau de toile où s’inscrit le titre de la pièce comme ceux qui, on l’imagine, agrémentaient les tréteaux de foire. Il permet un jeu d’ombre et de lumière où se découpent les silhouettes mouvantes des personnages. 

Le clair-obscur travaillé à toutes les étapes du spectacle participe à la confusion entre illusion et réalité entre rêve et cauchemar. Les lumières (Thomas Jolly/ Jean-François Lelong) mêlent les ambiances circassiennes, tapageuses, à celles intimistes des échanges où des ampoules suspendues à des fils éclairent les visages. Le feu des bougies qui découpe l’espace en ouverture instaure cette ambivalence où le danger guette.

Arlequin poli par l'amour
Arlequin poli par l’amour (c) Nicolas Joubard

L’une des scènes visuellement splendide est, sans nul doute, l’échange du premier baiser entre Arlequin et Sylvia. La danse de la lumière irradie ce moment et en restitue toute la poésie. L’instant est si riche qu’il propulse la scène dans une féerie quasi cinématographique. Du grand art. 

avec Julie Bouriche, Romain Brosseau, Rémi Dessenoix, Charlotte Ravinet, Taya Skorokhodova

http://www.lapiccolafamilia.fr/

http://www.theatre-sartrouville.com/

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https://mlascene-blog-theatre.fr/

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