Première neige mise en scène Pier Porcheron

1 463

Au Mouffetard, théâtre des arts de la marionnette, la Cie Elvis ALATAC présente « Première neige » , d’après une nouvelle de Guy de Maupassant, une pièce radiophonique et visuelle, espiègle et enjouée ( Voir l’interview de Pierre Porcheron et de Marion Lubat par M La Scène )

Et si on s’amusait à tirer des ficelles ?

« Bonjour. Bienvenue ». Lorsque le spectateur entre dans la salle  il est accueilli par les deux acteurs (Pier Porcheron et Marion Lubat) qui, timidement, en avant scène, ébauchent un échange avec lui. Un petit poste de radio, daté, est mis en marche pour créer un fond sonore. On reconnaît un tube des années 80, « C’est l’amour à la plage » , de Niagara. Pour en améliorer la diffusion, un des comédiens, un peu gêné, pose de temps en temps son doigt sur l’antenne. Ils semblent ne pas savoir quoi faire de leurs corps. Réajustent une mèche de cheveux, questionnent, fébriles, le régisseur, pour savoir si c’est « bon » . 

Quand le spectacle commence, c’est cette même maladresse qui est mise en mots. Les deux protagonistes nous racontent ce qui a présidé à la conception du « truc » qu’ils vont présenter. Un drame et un hasard. Après la révélation par un médecin, qu’elle ne pouvait pas avoir d’enfant, la femme et son mari se sont enfermés chez eux. Reclus dans leur cuisine, ravitaillés par leur voisin Roland, qui est maintenant leur régisseur, ils en sont venus à créer une « pièce radiophonique à regarder » . Il s’agit de l’adaptation de « Première neige » de Maupassant. Une des nouvelles du recueil que la femme avait acheté, par hasard, à la gare alors qu’elle revenait de chez le médecin. 

Cette pièce qu’ils ont créée une fois, ils convient les spectateurs à la réécouter, à assister à un nouvel enregistrement en direct. Ensemble, de concert, le couple stérile va enfanter d’un spectacle joyeux et maîtrisé, qui les réconcilient à la vie et les reconnectent aux autres.

Un bric à brac inventif et maîtrisé

« Première neige  » narre l’histoire d’une jeune femme qui, au tout début de la nouvelle, déclare « Oh, que je suis heureuse ! »  alors qu’elle sait qu’elle va mourir et qu’elle ne verra pas le printemps. Pendant quatre ans, elle s’est ennuyée et gelée dans le château normand de son mari. Le vide de son existence la désespère. La fluxion de poitrine qu’elle attrape volontairement en sortant nue dans la neige la conduit à Cannes pour être soignée. Elle ne guérit pas mais l’air des orangers en fleurs lui apporte le bonheur et la liberté de mourir heureuse.

Pour raconter cette courte nouvelle, Pier Porcheron a imaginé un univers sonore et visuel poétique et facétieux. Avec sa comparse Marion Lubat, ils dynamisent le récit par leur inventivité et la maîtrise du bruitage et des images proposées. Des micros encadrent une table de cuisine qui devient le plateau de jeu. Derrière eux, un buffet ouvert offre un réservoir à certains objets. D’autres sont à vue. Suspendus à des ficelles maintenues à une grande croix d’attelle, ils pendent attendant qu’on les saisisse. Tout un arsenal hétéroclite inanimé est utilisé pour donner vie et voix à l’histoire présentée.

L’espace même se décentre. A l’avant-scène, un décor en miniature se monte. Après un « silence plateau » et un « action ! » , une petite caméra projette le film créé en direct. Sur l’écran descendu au dessus de la table de cuisine,  les images, sonorisées en direct, donnent à voir le cauchemar vécu par la jeune femme qui revient en Normandie. Jusqu’au bout, cette « pièce radiophonique à regarder » ménage des surprises et maintient l’intérêt.


Pier Porcheron et la Cie Elvis Alatac nous embarquent dans leur univers facétieux et poétique. N’hésitez pas à venir vous réchauffer au Mouffetard pour voir « Première neige » . ♥♥♥♥♡


Interview de Pierre Porcheron et de Marion Lubat

 

PREMIÈRE NEIGE

Mise en scène : Pierre Porcheron
Écriture : Guy de Maupassant, Christian Caro et Piette Porcheron
Avec : Pier Porcheron et Marion Lubat
Création sonore : Romain Berce
Musique Live : Josselin Arhiman en alternance avec Pierre Phelipon Scénographie : Pier Porcheron et Philippe Quillet
Création et régie lumière : Philippe Quillet
Décors : Daniel Peraud et Sophie Burgaud aux ateliers chez eux


Interéssé.e.s par une autre critique d’un spectacle de théâtre d’objets ?  Celle -ci pourrait vous plaire : Critique Vies de papier Cie La Bande passante

laissez un commentaire

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies. Accepter En savoir plus