Saison 1 de Florence Minder au Théâtre de la Bastille est une « série théâtrale » qui se décline en trois épisodes originaux et réjouissants.
S’affranchir d’une narration attendue
Objet théâtral non identifié, Saison 1 de Florence Minder, s’organise en trois épisodes autour de la figure fictionnelle d’Irène Madsen, une jeune hygiéniste dentaire en voyage découverte en Amérique du Sud.
Episode 1 :
Assise à une table au centre du plateau, devant un mac et un micro, quand le spectateur s’installe, une narratrice peroxydée, très à l’aise, explique le principe de la « série théâtrale » en insistant sur son rituel de fin pour nous aider à le repérer. Puis, elle narre le kidnapping d’Irène et de ses compagnons de voyage par un groupe de terroristes. Avec un détachement choquant, elle finit par raconter le viol de la jeune femme, la tête prise dans une armoire gorgée d’humidité rance. Frisson et malaise dans la salle qui accueillait un public de lycéens en seconde. Un humour noir pimente le récit jusqu’à (« alerte spoil ») l’évasion sanglante.
Episode 2 :
Le récit s’incarne et devient hallucination. Les tables avec micros se doublent ainsi que les personnages. Irène, blessée, perdue, dialogue maintenant avec une autre fiction. Sophie Sénécaut ( époustouflante) entre. Sur un rythme effréné, délirant, le dialogue paraît échapper à celles qui le mettent en scène. Le corps reprend sa force créatrice et sa folle capacité à déclencher le rire. Pour passer à l’étape suivante, il faudra (« alerte spoil ») sacrifier l’un des corps en mouvement. Les mots sont comptés, distribués par une voix off, omnisciente et terrible.
Episode 3 :
L’évidence traverse le plateau. La vraie vie est ailleurs. Hors des micros qui se dressent comme des barbelés faussement joyeux en fond de scène. La recherche de cette nouvelle parole à émettre et à entendre se donne notamment à voir par la danse. Pascal Merighi, danseur du Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch, fait son entrée et devient l’interlocuteur de Florence Minder. Il imprime de sa présence souple et élégante cette distance à trouver pour imaginer un autre rapport au temps et à l’humain.
Saison 1 de Florence Minder impressionne par son inventivité. Texte, présences sur le plateau, mise en scène saisissent par leur originalité et leur humour décapant. Une artiste à suivre !
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