L M (peu) Ma Cuisine de Sylvain Maurice

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Ma Cuisine, la nouvelle création de Sylvain Maurice, le directeur du CDN de Sartrouville, déçoit. Le souffle du souvenir, trop court, n’émeut pas.

« Les crêpes, c’est chouette »

Construit autour de la figure imaginaire de Victor, Ma Cuisine dresse le portrait du personnage à travers l’évocation de divers souvenirs. Des cartes postales lues sont prétextes à entendre ce qui le liait à sa grand-mère. Quelques recettes réalisées en direct, dont celle des crêpes, deviennent le point d’appui de tableaux qui illustrent des épisodes de sa vie. Un dispositif vidéo permet de projeter sur les caissons haut et bas de la structure ce qui est « peint » à partir des objets ou matières. Une plaque de verre sert de toile. 

Trois interprètes partagent l’espace de la cuisine. Le cuisinier ( Brice Coupey) qui incarne Victor, la récitante ( Nadine Berland) et le musicien ( Laurent Grais). Toute la première partie du spectacle s’organise autour des relations entre Victor et sa grand-mère à travers la lecture de leurs cartes postales échangées. L’ensemble, il faut bien l’avouer, manque de rythme et de matière. La narration est faible sans qu’elle se densifie après. L’acmé étant « Les crêpes, c’est chouette » répétée, chantée, à l’envi à la fin du spectacle.

Ma Cuisine
Ma Cuisine © É. Carecchio

C’est le défaut majeur de ce spectacle. Le texte ne parvient pas à faire exister, à faire vivre l’émotion et tient le spectateur hors de cette recréation du souvenir malgré la vidéo qui crée de jolis tableaux colorés et souvent poétiques. Il est dommage que, cette fois-ci, Sylvain Maurice ne soit pas parvenu à se hisser à la hauteur du projet initial. D’autres spectacles dans la même veine, cuisine en plateau et théâtre d’objets filmés en direct pour recréer une histoire imaginaire y étaient parvenus. 

Ma cuisine et ses avatars

 Sacré, Sucré, salé de  Stéphanie Schwartzbrod au Théâtre de l’Aquarium, il y a quelques années, présentait sur le plateau une cuisine reconstituée où elle hachait menu coriandre, citronnelle, tout en racontant avec gourmandise, la signification des fêtes qui rythment les trois religions monothéistes. Le spectateur était aussi invité à goûter et partager la soupe épicée préparée sur scène pendant tout le spectacle. Mais auparavant, il s’était nourri de ce qu’on lui avait appris.

 Au Grand PaquetCockpit cuisine prenait son départ dans le salon-cuisine d’un certain Marcel Blondeau, réparateur de téléviseurs à Forbach, récemment décédé. Le personnage avait rêvé sa vie et nous la rêvions avec lui. Ce personnage loufoque, inventé par La Cie de la Bande Passante, devenait réel et son énigmatique particularité passionnait. Ses albums de famille, ses cahiers d’écolier, ses carnets de voyages, les objets de son quotidien, observés au plus près, prenaient vie et nous étaient restitués, avec enthousiasme et poésie, dans un film à trucs réjouissant. L’esprit de Georges Méliès habitait les lieux mais relayé et créé par des moyens techniques pointus. Caméras, téléviseurs, incrustations, ordinateurs, théâtralisaient les objets qui étaient manipulés à vue dans une joyeuse effervescence.

Ma Cuisine de Sylvain Maurice déçoit d’autant plus que ses dernières créations faisaient mouche. Réparer les vivants, repris cette année, touchait au cœur, comme La 7ème fonction du langage qui enthousiasmait.

Jusqu’au 20 décembre, au Théâtre de Sartrouville

 

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