Avec Les Pâtes à l’ail, Bruno Gaccio, Philippe Giangreco et Jean-Carol Larrivé, ouvrent la première saison du Théâtre La Scène Parisienne. Auteurs et comédiens, ils mettent leur amitié et leur forte connivence au service d’une histoire profondément humaine où le rire se joue de la gravité.
L’élégance du rire
Les Pâtes à l’ail ouvre la saison d’un nouveau théâtre à Paris, le Théâtre La Scène Parisienne. Co-écrite par Bruno Gaccio, Philippe Giangreco et Jean-Carol Larrivé, qui en assure également la mise en scène, la pièce puise dans la profonde amitié qui unit les trois artistes pour en garantir la sincérité. Par une mise en abîme étonnante, les liens puissants que les artistes ont tissés dans la vie se retrouvent interrogés sur scène.
Les Pâtes à l’ail, c’est une recette typique sicilienne, un de ces plats simples qu’on partage entre amis accompagné d’un bon verre de vin rouge. Les deux protagonistes de la pièce, joués par Bruno Gaccio et Philippe Giangreco, deux amis d’enfance d’origine italienne, se retrouvent depuis des années, une fois par mois, pour déguster ce plat et évoquer leurs souvenirs communs. Près de soixante ans de complicité les lient. Mais, à l’occasion d’un de ces rendez-vous habituels, l’un des deux annonce sa grave maladie à son ami et lui demande, au nom de leur amitié, de l’aider à mourir. Jusqu’où un ami peut-il aller pour son camarade ? La question est brûlante mais, sur scène, avec l’élégance d’une écriture malicieuse, le rire met à distance le pathos.
« On mange des pâtes, on boit un coup de Barolo et au café… je te tue , et rentre chez moi ? »
Ainsi que le résume Bruno Gaccio, la pièce est « un spectacle qui fait rire mais qui n’est pas drôle. » Derrière les traits d’esprit et les répliques qui font mouche, se profile, en effet, la thématique de l’euthanasie. « Je veux mourir vivant. Je veux partir à un moment où je suis encore fort » clame le personnage joué par Philippe Giangreco. Pour rappel, en France, l’euthanasie n’est pas dépénalisée. Si certains politiciens y sont favorables (Jean-Louis Touraine, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon par exemple), le combat de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité est loin d’être terminé. Pour Bruno Gaccio, décider de mourir dans la dignité, « est un geste de liberté absolue ».
Traversée par cette question d’actualité, Les Pâtes à l’ail n’en demeure pas moins une pièce malicieuse qui parvient à piéger la spectateur. Ce stratagème d’écriture, qu’on découvre à la fin, est renforcée par la mise en scène de Jean-Carol Larrivé. Celle-ci joue, en effet, à créer trois espaces de parole. Deux adresses public, rideaux tirés, encadrent le jeu des personnages. Comme si l’espace de la représentation et de l’illusion était à séparer de ce qui était dit frontalement. Comme une dernière pirouette scénique à celle offerte par la dramaturgie.
Dans Les Pâtes à l’ail, Bruno Gaccio, Philippe Giangreco et Jean-Carol Larrivé, mettent leur amitié et leur forte connivence au service d’une histoire profondément humaine où le rire se joue de la gravité. A voir. ♥♥♥♡♡
LES PATES A L’AIL du jeudi au samedi à 19h jusqu’au 31 décembre
Auteurs : Bruno Gaccio, Philippe Giangreco, Jean-Carol Larrivé
Mise en scène : Jean-Carol Larrivé
Avec : Avec Bruno Gaccio et Philippe Giangreco
Créateur Lumière: PHILIPPE HATTE
Scénographie / Décors : EMILY GEIRNAERT
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