Les eaux et forêts mise en scène Michel Didym
Critique M La Scène : ♥♥♥♡♡
« Le gai désespoir »
Etonnante cette pièce de Marguerite Duras. Ecrite en 1965, Les Eaux et forêts évoque, par son écriture et la mise en situation des personnages, les univers décalés, drolatiques et inquiétants d’Eugène Ionesco ou de Samuel Beckett. Un trio, un homme et deux femmes se retrouvent liés par un événement fortuit. Le chien d’une des femmes a mordu le mollet de l’homme sur un passage clouté. L’autre femme, témoin, de « l’accident » se joint à eux pour combler sa solitude. A la banalité de leur rencontre répond l’angoisse sourde de leur existence. Parler devient un moyen d’être à l’autre et d’être au monde.
Par un travail précis sur le texte, où les mots jouent à déconstruire les lieux communs, Michel Didym parvient à faire entendre la cocasserie et le désespoir qui animent les personnages. Brigitte Catillon, Catherine Matisse et Charlie Nelson incarnent ces « combattants de la vie » qui, selon le comédien « sont à l’affût de toutes les choses pour tenir et pour vivre ». Les trois acteurs ravissent par la finesse de leur jeu.
La scénographie d’Anne-Sophie Grac évoque le Paris des années soixante en s’amusant à recréer une carte postale trop parfaite. Vue plongeante sur la Tour Eiffel, escalier montmartrois, balustrade en fer forgé, façade, kiosque haussmannien et pavés luisants. L’univers est lisse, figé, comme l’existence des personnages. Juste ponctué par les créations sonores décalées de Gautier Colin et Philippe Thibault.
Les Eaux et forêts de Marguerite Duras, mis en scène par Michel Didym étonne et séduit par son humour cinglant et sa fraîche malice. ♥♥♥♡♡
Les Eaux et Forêts
texte Marguerite Duras
mise en scène Michel Didym
avec Brigitte Catillon, Catherine Matisse, Charlie Nelson, et le chien Cabu
dramaturgie François Rodinson
scénographie Anne-Sophie Grac
création sonore Gautier Colin et Philippe Thibault
lumière Olivier Irthum
costumes Christine Brottes assistée d’Éléonore Daniaud
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