Au Théâtre Transversal, Olivier Chambon se saisit du court texte de Daniel Keene, La Pluie, pour évoquer l’absence des disparus, victimes de la Shoah.
Critique La Pluie
La mémoire pour tout bagage
Hanna (Valérie Leconte) erre sur la plateau. Silencieuse, courbée, elle arpente la scène, fixant parfois notre regard comme si elle cherchait à nous reconnaître. Puis, dans une pénombre propice aux fantômes, elle nous parle des objets qui ont envahi sa maison. Ces objets, que près des rails, ceux qui ne sont jamais revenus ont laissés, abandonnés. Ces objets qu’elle a précieusement gardés, rangés, triés, dans l’espoir que quelqu’un vienne les reprendre. Dans la solitude extrême qui l’enveloppe flotte cette mémoire diffuse des êtres qu’elle n’a pas connus et celle d’un petit garçon.
La scénographie imaginée par Olivier Chambon pour monter le long poème de Daniel Keene s’inspire de l’exposition « Personnes » de Botanski au Grand Palais, édition 2010 de Monumenta qui abordait un questionnement sur les limites de l’humanité et la dimension essentielle du souvenir. Une pince gigantesque agrippait le sommet d’un tas monumental de vêtements pour les laisser retomber dans un mouvement sisyphéen. Dans La Pluie, au dessus du plateau, des manteaux sont suspendus, présences spectrales, qui hantent la mémoire d’Hanna. Cette image rappelle aussi Résister, c’est exister mis en scène par Isabelle Starkier où des ombres grises, suspendues à des chaînes, émergeaient d’une fumée âcre.
Si La Pluie, d’après David Keene, mis en scène par Olivier Chambon, souffre peut-être d’un manque de relief, la thématique, essentielle, de la mémoire et de l’héritage vivant des déportés est traitée avec délicatesse et sincérité.
Festival #OFF19 Avignon Au Théâtre Transversal à 19h
La Pluie, d’après David Keene
Metteur en scène : Olivier Chambon
Interprète : Valérie Leconte