Après son succès avec Les Carnets d’Albert Camus au Festival Off 2018, Stephane Olivié-Bisson présente L’Amant de Harold Pinter au Théâtre du Girasole. Une plongée âpre dans l’intimité d’un couple où le langage cache et dévoile.
Critique l'Amant
« Ton amant vient aujourd’hui ? »
Cette phrase lancée par la mari sur le pas de porte avant de partir travailler n’est pas juste un trait pour déclencher le rire dans ce qui serait un vaudeville attendu.
Dans L’Amant de Pinter, cette question fissure le glacis des conventions. Nous sommes à Londres, dans les années soixante. Richard et Sarah paraissent heureux. Pourtant, depuis des mois, des années, Sarah reçoit Max son amant dans le salon avec l’accord de son mari. Cette situation semble normale. Pourtant, les mots que le couple échange trahissent une tension extrême. Comme la peur de céder devant l’autre, comme la terreur de se dissoudre face à l’autre.
« Un champ de bataille conjugale »
Sur le plateau, la scénographie (Erwan Creff) donne à voir cette confusion souterraine qui taraude les esprits. Les personnages sont prisonniers d’un cadre figé dans sa normalité (canapé, table du salon) mais également d’un espace anormal (deux grandes piles de coussins). Le champ de bataille conjugale est au coeur du salon. La lutte dans le douillet du lit. La sexualité refoulée est le nerf de la guerre. L’amant n’est pas celui qu’on croit.
Stéphane Olivié-Bisson parvient par sa direction d’acteurs très précise à faire entendre les enjeux du langage où il s’agit de dominer l’autre. La crainte et le désarroi transparaissent derrière la vitre des apparences.
A voir au Théâtre du Girasole, Festival OFF, à 16H25
Distribution
Manon Kneusé
Clément Vieu
Eric Capone (piano)
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