Incandescences mise en scène Ahmed Madani
Pour Incandescences, dernier volet de sa trilogie « Face à leur destin« , Ahmed Madani s’entoure de neuf jeunes comédiens issus des quartiers populaires et bouscule les préjugés. Ils nous parlent d’amour, de sentiments amoureux et touchent au cœur (Nos interviews vidéo d’Ahmed Madani et des jeunes interprètes)
L’amour vécu jusqu’à l’incandescence
Après Illuminations et Flammes, Incandescences est le troisième volet d’une trilogie commencée en 2012. Neuf jeunes gens « face à leur destin » viennent nous parler d’amour, de sexualité, de peur, de dépassement, de désirs autorisés ou non. Car l’amour et la sexualité dans leurs quartiers populaires est souvent, comme le rappelle Ahmed Madani, un « sujet tabou ».
Pour le metteur en scène, il s’agissait « de faire entendre la voix d’une jeunesse rarement entendue « , d’amener dans la lumière des projecteurs, « d’autres corps, d’autres visages, d’autres histoires ». L’accent est mis sur les interdits inconscients qui pèsent sur chacun de ces jeunes. Difficulté du rapport homme-femme, poids du regard, fardeau de la « réputation« , exigence des traditions familiales ou religieuses, sont autant de barreaux aux désirs qui traversent cette jeunesse. La pièce d’Ahmed Madani éclaire les chemins intimes qui permettent à ces jeunes de s’autoriser à être libres d’aimer, de s’autoriser à être heureux et à vivre l’amour avec incandescence.
De l’intime à l’extime
Avec courage, sans filtre – autre que celle de l’écriture – et sans pudeur, ces jeunes comédiens non professionnels se livrent face public à une mise à nu de leur intimité. Il est question de sentiments amoureux, de première fois, de masturbation, d’homosexualité, de viol. Sur le plateau, rien ne semble plus être tabou. Chaque récit est revendiqué, assumé et porté avec force. Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak portent avec énergie et gaieté leur histoire familiale et personnelle.
L’écriture est le biais qui a permis de passer de l’intime à l’extime. Fidèle à sa méthode d’exploration du réel, Ahmed Madani et sa compagnie ont travaillé à collecter in situ une matière brute, chauffée à blanc. Entretiens, improvisations, longues discussions collectives, – souvent « houleuses » d’après les interprètes- , ont présidé à l’écriture. Celle-ci génère la distance nécessaire qui permet à la fiction d’exister. La parole incandescente peut alors être portée sur scène. La force vitale de cette jeunesse est un cadeau dont il faut profiter au plus vite !
A voir, au Théâtre des Halles. ♥♥♥♥♥
Incandescences
du 7 au 30 juillet – Relâches : 13, 20, 27 juillet
à 11h00
THÉÂTRE DES HALLES
Rue du Roi René
84000 Avignon
Avec Aboubacar Camara, Ibrahima Diop, Virgil Leclaire, Marie Ntotcho, Julie Plaisir, Philippe Quy, Merbouha Rahmani, Jordan Rezgui, Izabela Zak
Assistanat à la mise en scène Issam Rachyq-Ahrad, création lumière et régie générale Damien Klein, création son Christophe Séchet, création vidéo Nicolas Clauss, regard extérieur chorégraphique Salia Sanou assisté de Jérôme Kaboré, costumes Ahmed Madani et Pascale Barré, coach chant Dominique Magloire
Texte publié chez Actes Sud-Papiers
Madani Compagnie
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