Critique PARTITION(S)

Chorégraphie Jean-Christophe Boclé

1 673

Dans PARTITION(S) Du décollement des sentiments et des affects – Phase 2, Jean-Christophe Boclé fait entrer ses processus chorégraphiques en résonance avec la suite IV pour violoncelle de Jean-Sébastien Bach. 

Cultiver l’inattendu 

Formé par le classique et nourri par le baroque, le danseur et chorégraphe Jean-Christophe Boclé imagine dans Partition(s) un dialogue délié entre la danse, le silence et la musique vivante.

Sur le plateau, deux instruments attendent qu’on les manie. En fond de scène, à jardin, une contrebasse. En avant-scène, à cour, un violoncelle. Les musiciens, Elena Andreyev et Gildas Boclé, prennent place. Dans le silence, quelques notes retentissent. L’archet frotte les cordes comme un échauffement. Puis les danseurs entrent, l’un après l’autre. Ils sont quatre, deux femmes, deux hommes. Sans musique, chacun déploie sa gamme dans l’espace. Les bruits des pas marquent le tempo. Bientôt, un son sourd de contrebasse intervient. Les phrases chorégraphiques tracent leurs trajectoires jusqu’au prochain silence. Avant que le violoncelle n’entre en jeu et que la musique de Bach ne s’élève. 

Partition(s) surprend par sa structure éclatée et tenue. Instruments et danseurs sont partenaires. Ils se rejoignent dans un dialogue sonore et visuel, mais sans qu’il y ait de dépendance. Jean-Christophe Boclé  précise qu’il ne voulait pas  « se laisser aller chorégraphiquement « dans »  Bach, sur Bach ou avec Bach, mais plutôt travailler autour, avec, à partir des composantes, des musiques, des suites. De résonances chorégraphiques en résonances musicales en quelque sorte.  »  La Suite IV de Jean-Sébastien Bach devient une composante d’un champ sonore et sensoriel pluriel et la danse un élément de la partition.

Danse et lumières

La gestuelle des quatre interprètes (Marion Jousseaume, Iris Brocchini, Rémi Gérard, Gaspard Charon) interroge la matière baroque tout en s’en éloignant. L’écriture est précise, mais cultive l’inattendu. La respiration suspend le geste avec légèreté tandis que le corps propose, au sein d’une composition très rigoureuse, des mouvements inopinés comme à contretemps. Il est plaisant de se laisser surprendre.

Si l’on devait mettre un bémol, il porterait sur la lumière qui ne semblait pas vraiment au point. La rampe des projecteurs au lointain s’est éteinte de façon brutale, laissant seuls les latéraux pour éclairer les danseurs dans une quasi pénombre. Puis, la lumière est revenue sans qu’il y ait eu de cohérence. Entre les teintes froides et chaudes, la logique est encore à trouver jusqu’au noir final.

Proposée dans le cadre du Festival Faits d’Hiver, Partition(s), la chorégraphie de Jean-Christophe Boclé réussit à faire du présent un lieu vivant, où la danse, le silence et la musique dialoguent habilement.

Les LM de M La Scène : LMMMMM


Partition(s) Du décollement des sentiments et des affects – Phase 2

Le Carreau du Temple

Conception et chorégraphie : Jean-Christophe Boclé –

Musiques : Johann Sebastian Bach IVe  Suite pour violoncelle, Gildas Boclé / Orlando Bass Structures pour contrebasse – 

Interprètes danse : Marion Jousseaume, Iris Brocchini, Rémi Gérard, Gaspard Charon –

Répétiteur et regard : Jean-Christophe Paré –

Violoncelle : Elena Andreyev – Contrebasse : Gildas Boclé – Conseil musical : Orlando Bass –

Lumières : Saïd Fakhoury –

Travail vêtements : Isabelle Deffin


Vous souhaitez lire une autre critique de M La Scène  sur un spectacle de danse ? Celle-ci pourrait vous intéresser : Critique Pénélope chorégraphie Jean-Claude Gallotta

laissez un commentaire

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site. Si vous continuez à utiliser ce dernier, nous considérerons que vous acceptez l'utilisation des cookies. Accepter En savoir plus