Création Festival d’Avignon OFF 2019, au Théâtre du Train bleu, Disparu de Cédric Orain, met en mots et en lumière la parole d’une mère dont le fils a disparu volontairement.
Critique Disparu
Sublimer l’absence
Comment alors que son fils de vingt ans a disparu volontairement, sans donner de raison, sans donner aucun signe, une mère peut-elle encore croire et espérer, après trente ans, que son fils va revenir ? A partir d’un fait divers qu’il « n’a pas compris » et qu’il a cherché à comprendre, Cédric Orain a commencé à rêver et imaginer un personnage de théâtre, « gonflé à bloc par la vie », qui résiste à son chagrin et nourrit le manque de son imaginaire.
Interprétée par Laure Wolf, impressionnante d’intensité, une mère, assise, au centre du plateau, nous parle. De celui qui a disparu. De son empreinte palpable dans la mémoire et dans les lieux. Si la posture de l’actrice semble volontairement cadenassée par le vide terrible qui l’entoure, la parole sublime l’absence. Le dispositif scénographique très simple, très léger ( vidéo, quelques projecteurs) porte l’intimité de cette femme au plus près des spectateurs. Les très belles lumières de Pierre Nouvel nimbent l’ensemble d’une aura onirique.
Disparu de Cédric Orain, en s’intéressant à la parole de ceux qui restent, fait écho au récent travail de Delphine Hecquet, Les Évaporés. En France, 3000 disparitions volontaires sont recensées. Au Japon, le phénomène touche plus de cent mille personnes. Peu importe le chiffre, de ceux qui restent, il faut entendre l’infinie douleur souterraine. Cédric Orain, par la poésie des mots, magnifie cette parole.
Festival d’Avignon #OFF19, au Théâtre le Train bleu, à 13h45
Texte et mise en scène Cédric Orain
avec Laure WOLF
création sonore : Manuel Peskine
scénographie et création lumière : Pierre Nouvel
costumes : Sophie Hampe
régie : Théo Lavirotte