Ceux qui vont contre le vent mise en scène Nathalie Béasse
Nathalie Béasse, au Cloître des Carmes, présente sa nouvelle création Ceux-qui-vont-contre-le-vent. Quand le corps dit plus que la parole l’étrange étrangeté d’être au monde.
L’étrange étrangeté
Le titre de la nouvelle création de Nathalie Béasse est programmatique. Chaque mot est lié et en même temps détaché des autres par un tiret. De la même manière, sur le plateau, un groupe de femmes et d’hommes donnent à voir la nécessité d’être ensemble et la difficulté de vivre cette réalité. L’entrée en scène, très étonnante, projette déjà le spectateur face cette impossibilité à s’entendre. La discussion animée des personnages commence hors champ. Ils s’installent devant le premier rang des spectateurs. Ces êtres paraissent avoir le même but, rechercher quelque chose, mais sans parvenir à le nommer clairement. Ils s’apostrophent, se querellent. Les langues se chevauchent (anglais, arabe, allemand, français), mais le non-dit parait empêcher la parole de performer.
Une fois sur le plateau, cette communauté reproduit avec joie ou douleur la volonté d’être au groupe. Exclusion et partage se succèdent. Un sentiment très fort d’étrange étrangeté naît cependant. Car les images proposées par Nathalie Béasse semblent, à chaque fois, vouloir biaiser la réalité. Décalées, elles décentrent le réel pour le faire glisser très naturellement dans un univers onirique.
Quand le corps dit plus que la parole
Sur scène, Nathalie Béasse choisit de donner peu de place à la parole. Seule l’intention de parler, l’impulsion du dire sont montrées. C’est par le corps avant tout que l’émotion naît, prend forme et parfois voix. Etiré, malmené, renversé, tordu, compressé, le corps cherche une prise au sol ou à l’espace qui soit nouvelle et déstabilisante. Cette expérience étonnante permet aux acteurs de s’inscrire dans un lâcher prise ancré dans le présent du moment.
Mounira Barbouch, Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Clément Goupille, Stéphane Imbert, Noémie Rimbert, Camille Trophème, forment cette communauté curieuse et séduisante. Entre attraction et répulsion, ils jouent comme des enfants, avec parfois des accessoires improbables, (oranges, ballons, fleurs-fléchettes…). La gravité et le désespoir ne sont pas loin. Mais, ce qui domine est l’impulsion vers l’autre et l’envie d’être au monde ensemble, même s’il s’agit d’aller contre le vent.
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Ceux-qui-vont-contre-le-vent
Dans le cadre de la 75e édition du Festival d’Avignon
Mise en scène Nathalie Béasse
Avec Mounira Barbouch, Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Clément Goupille, Stéphane Imbert, Noémie Rimbert, Camille Trophème
Conception, mise en scène et scénographie Nathalie Béasse
Musique Julien Parsy
Lumière Natalie Gallard
Construction décor Stéphane Paillard et Justin Palermo
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