65 miles mise en scène Paméla Ravassard
Au Théâtre du Girasole, Pamela Ravassard monte 65 miles, de l’auteur anglais Matt Hartley. Son oeil de comédienne apporte à la direction d’acteurs une grande humanité dans le jeu. ( Voir l’interview exclusive de Pamela Ravassard pour M La Scène )
Un road movie intime
65 miles, la pièce de Matt Hartley relate l’histoire de deux frères. Le frère aîné, Pete, sort de prison. Condamné pour homicide involontaire, il a purgé une peine de dix ans. Il est maintenant animé par un seul désir, retrouver sa fille qu’il a abandonnée. 65 miles le séparent de son enfant et de la réparation. Son jeune frère également a laissé passer sa chance d’être père. Sa petite amie est tombée enceinte. Il s’est dérobé à ses responsabilités et ne l’a pas accompagnée quand elle a avorté. Les deux frères se retrouvent. Alourdis du silence et de la violence qui les a meurtris dans leur enfance, ces êtres cabossés vont devoir avancer sur un chemin qui pourra les mener l’un vers l’autre.
Pamela Ravassard pose sur les personnages un regard attentif pour toucher l’infime de chacun d’eux. Un grand sentiment d’humanité se dégage de l’ensemble. Comédienne, elle même, son travail de metteure en scène s’est nourri de cette expérience précieuse pour la direction d’acteur. Pour elle, il était important « d’apporter de la sous-couche à chaque phrase » , de « gratter le vernis, d’aller à la surface » . « L’intérêt ne résidait pas dans ce qui se disait mais dans ce qui ne se disait pas ». La force du texte passe par les non-dits qu’il fallait donner à entendre. Les comédiens (Emilie Aubertot, Karina Beuthe Orr, Sébastien Godin, Stefan Desjours, Garlan Le Marthelot, Benjamin Penamaria, Emilie Piponnier), qui viennent tous d’univers différents, parviennent à traduire les fêlures secrètes qui séparent les êtres, comme les désirs confus qui président au pardon.
Le miroir des apparences
Travaillée comme une série de « clips« , la scénographie souligne les errances des personnages et ne les quitte jamais. Le personnage n’est pas seulement étudié quand il est en action. Il reste sur scène, prolongeant, un instant, ce qui a eu lieu. La mise en scène de Pamela Ravassard revendique cet éclairage volontaire de l’envers du décor. Elle dit avoir été intéressée par le fait d’accentuer, à travers les liaisons, une écriture cinématographique : « Souvent, on voit un personnage dans une scène et on ne sait pas ce qu’il devient. Cela m’intéressait de voir comment il est, quand il n’est pas sur scène ». La musique ( AKORPLAKX) à partir de morceaux pop, punk, ou rock des années 70 à 90 accompagnent ces entre-deux visuels.
De grands panneaux, sortes de miroirs opaques et flous, permettent d’imager que le personnage n’est pas juste cette représentation qu’il tend à projeter face aux autres. Les différentes facettes qu’il dissimule deviennent perceptibles, comme les contradictions intimes qui l’agitent, palpables. On sent que rien n’est simple. Pour les protagonistes de l’histoire, il faudra parvenir à avancer en se délestant du poids de la rancoeur et des souffrances de l’enfance.
65 miles, mise en scène par Pamela Ravassard, touche par l’attention extrême portée à une humanité claudiquante et profonde, humanité à la recherche d’une seconde chance et d’un pardon.
A voir, Au Théâtre du Girasole. ♥♥♥♡♡
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65 Miles
du 7 au 31 juillet – Relâches : 12, 19, 26 juillet
à 15h50
Théâtre du Girasole
24 bis, rue Guillaume Puy
84000 Avignon - Texte : MATT HARTLEY
- Metteuse en scène : P. RAVASSARD
- Interprète(s) : Emilie AUBERTOT, Karina BEUTHE ORR, Sébastien GODIN, Stefan DESJOURS, Garlan LE MARTELOT, Benjamin PENAMARIA, Emilie PIPONNIER
- ECLAIRAGISTE : Cyril MANETTA
- SCENOGRAPHE : Benjamin Porée
- Costumière : Hanna Sjödin
- COMPOSITEUR : AKORPLAKX
- TRADUCTRICE : Séverine MAGOIS
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