Que ta volonté soit Kin mise en scène Aristide Tarnagda
Aristide Tarnagda met en scène, aux Ateliers Berthier, Que ta volonté soit Kin du dramaturge Sinzo Aanza, et offre une plongée poétique dans la force vitale de la ville de Kinshasa.
Un songe kinois
Kin, c’est Kinshasa. La capitale de la République Démocratique du Congo. Que ta volonté soit Kin, la pièce du dramaturge congolais Simon Aanza, prend place dans une des grandes artères de la ville. Baptisée et rebaptisée « de la Libération… / Ex Pierre Mulele / Ex Libération encore une fois / Ex 17 Mai / Ex 24 Novembre / Ex Victimes de la Rébellion / Ex Joséphine Charlotte… » à la faveur des différents soubresauts politiques, cette avenue abrite une population qui vit dans la rue. Pour échapper à leur condition, les personnages se réfugient dans le songe et la poésie.
Sur le plateau, le décor reproduit avec un grand souci de réalisme, un coin de cette grande avenue. Murs en parpaings, toits en tôle, mobiliers de fortune, pneus oubliés, arbre presque nu, terre sableuse, construisent l’image d’un paysage urbain misérable. Les lumières ocrées de Mohamed Kaboré nimbent l’ensemble d’une atmosphère suave et chaude. La musique douce, jouée en direct par Daddy Nkuanga Mboko, dessine pendant toute la pièce les contours d’un rêve qui s’étire.
La parole fraternelle qui embellit le sordide
Le rêve est celui de Sophie. Une femme qui pourrait être « quelconque« . Mais, par la volonté de « Kin« , son histoire tragique, celle de la perte de l’être aimé, va se métamorphoser en songe. La ville a ce pouvoir. Celui de la parole fraternelle qui embellit le sordide. Sophie (Jeanne Diama) est prête à se dissoudre dans sa peine. Son amie, Lily, incarnée par l’impressionnante Ami Akofa Kougbenou, réinvente le réel pour réussir à la sauver.
La mise en scène d‘Aristide Tarnagda opte pour l’éparpillement de l’action. Chaque recoin du décor et du plateau donne lieu à des saynètes, comme des instantanés de vie, qui invitent le spectateur à la curiosité. Et qui le confronte parfois à son incapacité à brasser du regard l’immensité de ce qui se joue. Comme un rêve étrange qu’on ne peut maîtriser. La verticalité est largement utilisée. Non pour glorifier un quelconque dieu, mais ainsi que la magnifique langue de Sinzo Aanza le suggère, pour hisser les hommes, haut, par le pouvoir poétique du verbe.
♥♥♥♡♡
Dans le cadre de la Saison Africa2020, aux Ateliers Berthier jusqu’au 10 juillet
Que ta volonté soit Kin
de Sinzo Aanza
mise en scène Aristide Tarnagda
dans le cadre de la Saison Africa2020
avec le Festival d’Automne à Paris Berthier 17e
avec Ibrahima Bah, Jeanne Diama, Serge Henry, Ami Akofa Kougbenou, Kader Lassina Toure, Nkuanga Daddy Mboko, Hilaire Nana, Rémi Yaméogo
lumière Mohamed Kaboré
scénographie Charles Ouitin Kouadjo, Patrick Janvier
création sonore Hughes Germain
assistanat à la scénographie Charlotte Humbert
costumes Léa Vayrou
construction décor Le Grand Dehors
coproduction décor Pti Poa
construction des décors : Patrick Janvier, Estelle Duriez, Marie Storup, Charlotte Humbert
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