Camus Casares mise en scène Elisabeth Chailloux
Au Théâtre des Gémeaux, Teresa Ovidio et Jean-Marie Galey donnent vie et chair, à la correspondance passionnée qu’Albert Camus entretint avec Maria Casarès. ( Voir l’interview exclusive de Teresa Ovidio, Jean-Marie Galey et Elisabeth Chailloux pour M La Scène )
Un amour par delà les lettres
Albert Camus et Maria Casarès se rencontrent à Paris, le 6 août 1944. Jour mémorable pour l’histoire mondiale et pour l’histoire passionnée qu’ils s’apprêtent à vivre. Albert Camus est marié, il a trente ans. Maria Casarès n’a que vingt et un ans. Ils se séparent une première fois lorsque Francine Faure, l’épouse de Camus, parvient à rejoindre son mari. Le 6 juin 1948, Camus et Casarès se croisent à nouveau à Paris, boulevard Saint-Germain. Leur destin est définitivement lié. Ils ne peuvent échapper à l’amour qui les unit au-delà des conventions. Rien ne pourra plus les séparer. La correspondance fiévreuse qu’ils entretiennent pendant douze années témoigne du lien indéfectible qui les unit.
« Egalement lucides, également avertis, capables de tout comprendre donc de tout surmonter, assez forts pour vivre sans illusions, et liés l’un à l’autre, par les liens de la terre, ceux de l’intelligence, du cœur et de la chair, rien ne peut, je le sais, nous surprendre, ni nous séparer. » écrit Albert Camus en février 1950. A la beauté des lettres de l’un répond la beauté des lettres de l’autre. Cette correspondance permet, en effet, de découvrir l’extrême expressivité du style de Maria Casarès. « Nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes reconnus, nous nous sommes abandonnés l’un à l’autre, nous avons réussi un amour brûlant de cristal pur, te rends-tu compte de notre bonheur et de ce qui nous a été donné ? » , peut-on lire, par exemple dans une de ses lettres datée du 4 juin 1950.
Deux amants lumineux
Camus Casarès, Une géographie amoureuse met en scène cette correspondance unique. Le projet de Terasa Ovidio et Jean-Marie Galey est à saluer. Sur les 865 lettres que compte cet échange épistolaire entre l’écrivain et la comédienne, les deux artistes en ont rassemblé, dans un premier temps, 172 . A ce matériau premier, sont venus s’adjoindre des extraits d’interviews et des fragments des Carnet I et II d’Albert Camus. Mais, pour eux, il était primordial, d’imaginer une mise en situation de ces lettres, de les inscrire dans une géographie amoureuse, artistique et politique. La mise en scène d’Elisabeth Chailloux souligne le contexte dans lequel ses lettres intimes furent écrites. Des TSF des années 50 jalonnent le plateau et font entendre les échos de l’Histoire qui se vit en parallèle (la guerre d’Algérie, la naissance du Festival d’Avignon, Gérard Philippe…)
Terasa Ovidio et Jean-Marie Galey incarnent ces grandes figures que l’on a plaisir à découvrir sous un jour inconnu. Camus, (Jean-Marie Galey ), résistant, homme engagé, prix Nobel de Littérature est aussi un être complexe, souffrant, infidèle et tourmenté. Maria Casarès, (Terasa Ovidio), fille de réfugiés espagnols, actrice associée à jamais à la Troupe du Théâtre National Populaire de Jean Vilar, est une femme au caractère bien trempé et à l’humour ravageur. Terasa Ovidio impressionne. Elle porte le texte avec ferveur et passion. Les mots exaltés de Maria Casarès résonnent puissamment. La correspondance s’éteindra le 4 janvier 1960 avec la mort tragique d’Albert Camus, dans un accident de voiture. Maria Casarès écrivait :« Mais l’amour que j’ai de toi est plein de cris. Il est ma vie et hors de lui, je ne suis qu’une âme morte. »
A voir, Au Théâtre Les Gémeaux ♥♥♡♡♡
La Correspondance (1944-1959) Albert Camus-Maria Casarès est parue en Folio, en 2020, avec un avant-propos de Catherine Camus
Camus Casares, Une géographie amoureuse
D’après la correspondance Albert Camus et Maria Casares 1944-1959
du 7 au 31 juillet – Relâches : 13, 20, 27 juillet
à 19h30
Mise en scène Elisableth Chailloux
Lumières : Franck Thévenon
Son : Thomas Gauder
Chorégraphie : Sophie Mayer
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