Critique Faith, Hope and Charity

mise en scène Alexander Zeldin

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Présentée aux Ateliers Berthier, dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, « Faith, Hope and Charity », la nouvelle création d’Alexander Zeldin, évoque la fermeture d’une banque alimentaire en Angleterre. Ce dernier volet du cycle intitulé « Les Inégalités », prouve une nouvelle fois, la force de ce théâtre au plus près du réel.

L’émotion nue

« Love », le deuxième volet de la trilogie, imaginée par Alexander Zeldin, était une claque. Dans un refuge anglais pour personnes en situation d’urgence, se retrouvaient des familles et des individus solitaires qui ne pouvaient plus payer un loyer. Forcée de cohabiter dans ce « shelter », qui laissait peu de place à l’intimité, cette humanité, fragile et claudiquante, luttait contre l’adversité et tendait les bras vers nous qui la regardions. Longtemps, le spectacle hantait. 

« Faith, Hope and Charity » s’inscrit dans la même veine sociale et humaniste. Le décor reproduit, au plus près de la réalité, un refuge alimentaire à bout de souffle. Lino usagé, murs et rideaux défraîchis, objets de seconde main, flaques d’eau sur le sol, dressent les contours d’un lieu où le temps a laissé son empreinte. Le lieu ne peut être sauvé. La fermeture du centre est programmée. Pourtant, des femmes, des enfants et des hommes entrent encore à heure fixe pour manger un repas chaud et participer à une chorale. Dans la queue se retrouve un groupe de laissés pour compte. Chaque itinéraire de vie est dramatique, mais l’espace d’un repas, une communauté se crée.

Faith, Hope and Charity
Faith, Hope and Charity
© Maxime Bruno

Un univers tchekhovien

Très étonnamment, alors que la pièce prend place en Angleterre, dans une ville frappée par la crise, l’espace temps évoque celui des oeuvres de Tchekhov. Alexander Zeldin revendique cette référence. Il dit avoir voulu étirer le spectacle sur quatre actes afin de voir ses personnages « dans la durée ». Comme chez le dramaturge russe, avec la même « tendresse », les personnages sont placés « face au passage du temps, à la durée de la vie et à la naissance de la foi, de l’espoir mais aussi la déception et l’absence ». Dans « Faith, Hope and Charity », les femmes et les hommes qui utilisent ce centre aspirent à une vie meilleure. Une vie qu’ils ne pourront pas connaître, ou qui demeure à jamais disparue.

Parmi ces personnages, émerge la figure maternelle et emblématique de Hazel. Hazel nourrit, écoute et adoucit la peine. Incarnée par la lumineuse et charismatique Llewella Gideon, Hazel est l’âme et la mémoire du lieu. Dans « Love », Anna Calder-Marshall, magnifique, au bord de la détresse et de l’épuisement, émouvait au plus haut point. Sous la direction d’Alexander Zeldin, le jeu de ces actrices saisit par l’empreinte sensible avec le réel.  Certains comédiens sont d’anciens sans-abri, mais rien ne les distingue dans le groupe, tant la communauté humaine sur scène est une.

 Artiste associé à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, Alexander Zeldin, avec « Faith, Hope and Charity », souligne l’extrême précarité des démunis, mais magnifie leur foi, leur espoir, et leur entraide.

Les LM de M La Scène : LMMMMM


Faith, Hope and Charity    Berthier 17e

Texte et mise en scène Alexander Zeldin

avec
Lucy Black, Tia Dutt, Llewella Gideon, Tricia Hitchcock, Dayo Kolesho, Joseph Langdon, Shelley McDonald, Michael Moreland, Sean O’Callaghan, Bobby Stallwood, Posy Sterling, Hind Swareldahab

scénographie, costumes Natasha Jenkins
lumière Marc Williams
son Josh Anio Grigg
travail du mouvement Marcin Rudy

Avec le Festival d’Automne à Paris


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