Sélection Danse SPECTACLES a retenir
Avignon Off : L MMM Sisyphe heureux Cie 47.49
Chorégraphie François Veyrunes
Théâtre des Lucioles jusqu’au 21 juillet
Sisyphe est la troisième figure de la mythologie interrogée par le chorégraphe François Veyrunes. Après Tendre Achille, interprété par trois danseurs et Chair Antigone, par trois danseuses, la Cie 47.49, unifiée pour Sipyphe heureux, donne vie à ce dont parle Albert Camus. Pour l’auteur du Mythe de Sisyphe, le ciel est vide, le monde n’a pas de sens mais « la lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir le cœur d’un homme ». Ensemble, les interprètes tracent donc un chemin sans compromission, allant jusqu’au bout d’une énergie travaillée dans le continu, recommençant la lutte par un corps engagé, qui ne faiblit jamais.
François Veyrunes et ses danseurs (Marie-Julie Debeaulieu, Gaétan Jamard, Jérémy Kouyoumdjian, Sylvère Lamotte, Emily Mézières, Francesca Ziviani) proposent une danse intense où, action par action, chaque cellule du corps semble mobilisée pour offrir un parcours qui n’est jamais donné. Sisyphe heureux développe un très beau travail sur les oppositions et les contre poids. Magnétiques, les corps disent l’effort, la beauté de la trajectoire que constitue la lutte.
Sélection Danse SPECTACLES a retenir
Avignon Off : L MM Master Class Nijinski
Chorégraphie Faizal Zeghoudi
Collège de la Salle à 16h45
Nijinski est un nom flamboyant lié à jamais à l’histoire de la danse. Danseur étoile et chorégraphe des Ballets russes associé à Diaghilev, Nijinski a apporté de « nouveaux thèmes, de nouveaux corps, de nouveaux sentiments… » à la danse comme le résume le peintre Alexandre Benois. Master Class Nijinski, que propose la Cie Faizal Zeghoudi, imagine un dialogue entre un Nijinski vieillissant, qui revient sur son passé de créateur et la réécriture moderne de quelques pièces phares de son répertoire.
Bernard Pisani, comédien et ancien danseur de l’Opéra de Paris, interprète Nijinski. Il porte sur scène un monologue écrit par Marie-Christine Mazzola, monologue nourri par la danse qui lui fait écho. Derrière lui, autour de lui, quatre danseurs (Assan Beyeck-Rifoe, Anthony Berdal, Simone Giancola, Nadya Larina) font revivre avec ferveur et sensibilité des extraits notamment de L’Après-midi d’un faune ou du Sacre du Printemps. Il s’agit d’un récréation passionnante où la danse fluide, précise et inspirée de Faizal Zeghoudi touche au cœur. Il faut voir le duo entre Assan Beyeck-Rifoe et Nadya Larina, moment de sensualité et de grâce sur la musique de Debussy. Il faut voir le quatuor final sur la musique de Stravinsky, chorégraphié au cordeau, sobre et puissant.
Le spectacle parait trop court. Le spectateur, en sortant, se dit qu’il en aurait encore bien profité quinze minutes de plus.
Sélection Danse SPECTACLES a retenir
Avignon Off : L MM Bruit de couloir
Chorégraphie Clément Dazin
La Caserne des pompiers à 13h30
Le jeune danseur jongleur Clément Dauzin propose un spectacle toute en sensibilité et novateur. Bruit de couloir commence par une avancée latérale de jardin à cour dans un faisceau lumineux. Trois balles blanches rebondissent sur le torse d’un jeune homme. Mouvement inexorable qui semble entraîner celui qui les manipule hors de lui-même. Il faut tout de suite dire que la création lumière de Freddy Bonneau sur ce spectacle est magnifique. Il découpe des espaces, sculpte le corps du danseur, en proposant à chaque fois une plongée dans l’imaginaire. Remarquable.
Clément Dazin travaille le jonglage, non comme une performance, mais comme un vecteur d’émotions. Dans ce solo, les boules blanches s’élancent, rebondissent, mais les mains et le corps du jongleur expérimentent une danse silencieuse où les crispations de l’âme peuvent se lire. Un travail original et poétique parfois saisissant.