LMMMM La Petite soldate mise en scène Anne Hérold
Peut-on combattre la mort par l’imaginaire?
Mihaela Michailov, la dramaturge roumaine contemporaine répond par l’affirmative. La Petite soldate se passe à Bucarest mais la thématique qu’elle travaille touche à l’universel.
La Petite soldate raconte l’histoire d’une enfant de huit ans, Ami. Sa mère est morte. Son père s’est remarié et a fondé une nouvelle famille. Il a laissé Ami auprès de la grand-mère de l’enfant. Mais, soudain, la petite fille prend conscience que sa grand-mère, dont elle est si proche, est malade et risque de mourir. L’enfant imagine alors de devenir soldate pour défendre sa grand-mère agonisante, une soldate en chef commandant une armée de petits personnages qu’elle a créés, à qui elle donne des tâches stratégiques pour sauver celle qu’elle aime. Tout l’imaginaire de l’enfant est mobilisé contre la maladie. C’est une guerre élaborée non pour détruire mais pour sauver, une guerre au service de l’amour.
Une soldate engagée dans une guerre intime et généreuse.
Au Théo Théâtre, Anne Hérold monte La Petite Soldate de Mihaela Michailov en réussissant à faire entendre la tendresse, le dynamisme et l’humour du texte. Pour incarner Ami, elle a choisi une jeune actrice dont la fraîcheur n’a d’égal que le talent, Marguerite Courcier. Celle-ci parvient à traduire avec intensité le plaisir que l’enfant éprouve à élaborer ses stratégies guerrières, mais également, en creux, ses craintes souterraines que les explosions de joie tentent de cacher. Elle est cette petite fille toute entière engagée dans sa guerre intime et généreuse.
Un contrepoint musical slave
Pour l’accompagner, Anne Hérold a choisi d’installer un contrepoint musical. Un jeune clarinettiste, Hugo Proy, dialogue avec le texte, prolongeant musicalement les paroles ou les gestes de l’actrice. Sa présence densifie souvent l’émotion et colore certaines scènes d’une tonalité slave, celle qui invite à la danse, aux larmes et à la vie. Sur la petite scène du Théo Théâtre, pas de pupitre, contrairement à ce que montre la photographie, mais un dialogue libre et enjoué entre la musique et le jeu de la comédienne.
Ce spectacle inventif et joyeux peut être vu en famille. Le samedi où j’ai assisté à la représentation, des enfants étaient présents. Captivés par les petits personnages d’Ami, parfois ils intervenaient, instaurant une complicité riante avec l’enfant sur scène. Attentifs, ils comprenaient les enjeux affectifs de la guerre entreprise par La Petite soldate. Ils partageaient le même imaginaire.
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