Orchestre Titanic mise en scène Philippe Lanton

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Orchestre Titanic : Jouer pour ne pas disparaître

LM M Orchestre Titanic mise en scène Philippe Lanton

Deux tentes blanches. Une à cour. L’autre à jardin. Un quai désaffecté dans la nuit. La torche d’un homme en uniforme qui éclaire les éléments du plateau : poubelle, tentes, brasero… Le décor est posé. Lorsque la lumière se fait, trois hommes et une femme sortent de leur tanière dérisoire. Oubliés, laissés pour compte, ils ont investi un quai de gare où les trains ne s’arrêtent jamais. Pourtant, animés par l’espoir et le profit qu’ils pourraient en tirer, Doko (Christian Pageault) , Louko ( Bernard Bloch), Meto (Philippe Dormoy) et Lubka ( Evelyne Pelletier), inlassablement chaque matin, répètent, valises collées au corps, le stratagème qui leur permettra de monter dans le train hypothétique et de voler des passagers. Comme un orchestre miteux, pathétique et bruyant, ils essayent de s’accorder, se rattachant à cette folie qui les tient encore debout, pour ne pas sombrer corps et âme.

Orchestre Titanic, le titre, quasi oxymorique, exprime cet espoir aberrant qui fait vibrer les hommes. Il s’agit de jouer à croire, de jouer à être, de jouer jusqu’au dernier moment pour ne pas disparaître. La pièce de Hristo Boytchev, écrivain bulgare connu en France pour Le Colonel oiseau, interroge le réel, celui des sans-abris, des migrants échoués sur des aires de fortune – depuis combien de temps? – mais réaffirme le pouvoir du théâtre et de l’imagination. Quand tout a disparu, pays, repères, attaches, que reste-t-il pour continuer à envisager de vivre le jour qui vient sinon l’espoir et la faculté magique de se projeter dans un ailleurs fantasmé et riant.

ORCHESTRE TITANIC,
                    (photo Patrick Berger)

L’ombre pâlotte de Beckett

Au Théâtre de l’Aquarium, Philippe Lanton choisit (en s’appuyant sur la scénographie minimaliste d’Yves Collet)  de mettre l’accent sur cette illusion trop humaine qui est la force de la pièce. Car, il faut bien le dire, Beckett sollicité pour cautionner la valeur de la pièce ne convainc pas. Les personnages attendent, certes, mais, l’absurdité de l’existence n’est pas l’objet donné à voir. Autre temps, autre problématique. Préférons regarder du côté du présent, le nôtre, celui qui patauge dans les marécages boueux avant que des maires courageux ne bâtissent des abris salubres. 

Philippe Lanton fait chanter « L’Hymne à la joie » de Beethoven sur scène. L’hymne européen est repris en chœur par les quatre oubliés sous la houlette de Hari (Olivier Cruveillier), le magicien prophétique venu de l’autre monde. Qu’offre l’Europe à ceux qui prendront le train plein d’espoir? La question traverse le champ parfois nauséabond de la politique.
Galvanisés, par cet ailleurs à portée de rêve, les personnages chacun à leur tour feront l’expérience de la disparition à travers un voyage dont on ne sait rien. Seul Doko ( émouvant Christian Pageault ), dépouillé alors de son passé rassurant, reste à quai, condamné à vivre la réalité en toute lucidité.

Orchestre Titanic propose un voyage en humanité.

http://www.theatredelaquarium.net/

Une rencontre animée par Patrick de Saint Exupéry ( journaliste), avec Damien Carême (Maire de Grande-Synthe ) , Pierre Henry (Directeur général de France terre d’asile) et Philippe Lanton prolongeait la représentation autour du thème « Migration: L’Europe en questions »

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