Interview – Emmanuel Noblet : Article 353 du code pénal

À Avignon, Emmanuel Noblet évoque son adaptation d’Article 353 du code pénal d’après Tanguy Viel et le face-à-face avec Vincent Garanger.

© Édouard Garnier
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À Avignon, devant le théâtre 11, Emmanuel Noblet revient sur l’adaptation scénique du roman de Tanguy Viel : un face-à-face entre un juge et un homme qui se livre, la question de l’empathie et du juste, et la présence de Vincent Garanger dans un rôle habité.

Le roman et l’adaptation

« Les spectateurs qui découvrent le spectacle  pour ceux qui n’ont pas encore lu Tanguy Viel sont heureux d’apprendre qu’il leur manque le tiers du roman et qu’ils peuvent l’acheter en librairie. »

Un huis clos : un homme qui se livre, un juge qui écoute

« Oui, c’est un homme qui comparait face à un juge juste après avoir été arrêté par des policiers parce qu’il le dit lui-même, il a jeté à la mer un homme, un promoteur immobilier véreux »
« Moi dans le rôle du juge, je ne fais qu’écouter. Je fais quelques relances… c’est rare maintenant d’écouter quelqu’un… Là, qu’est-ce que c’est d’écouter un homme pendant 1h40 ? »


Légalité, justice, empathie et lutte des classes

« Ce roman parle de lutte des classes. »
« C’est une réflexion sur ce qui est légal, mais sur ce qui est juste aussi. »
« Par l’écoute, par l’empathie, cette chose qui n’existe plus ou si peu, on peut peut-être changer d’avis… »
« La fin est problématique… je ne dois pas la divulgâcher… »

La généalogie d’un crime, une vie qui se raconte

« Il arrive à retracer la généalogie de ce crime. Mais c’est en réalité l’histoire de sa vie. »
« Qu’est-ce que c’est un homme, un taiseux, qui n’a jamais été entendu… et cet homme surtout arrive à le formuler. »

Transmission, rapport au fils et éthique

« …sur la transmission, le rapport au fils est comme par surprise le sujet presque principal… »
« Il a une éthique cet homme qui est bouleversante… »

Vincent Garanger : présence “terrienne” et pensée en direct

« Des gens disent « Mais quand vous entrez sur scène, on dirait pas un acteur, on dirait un homme. » »
« Il est extrêmement terrien, concret… il peut tout jouer mais on voit jamais la technique… »
« …on voit cet homme penser en direct… si ce qui se passe là est réel, concret en direct, le spectateur le sent… Et Vincent il sait faire ça. »

Conclusion

Face au juge, un homme se raconte : l’instant d’écoute devient matière théâtrale et interrogation morale. Entre légalité et justice, empathie et responsabilité, Article 353 du code pénal met à nu une vie et interroge la nôtre.

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