Critique Nous, l'Europe, banquet des peuples
Adapté du roman de Laurent Gaudé, Nous, l’Europe, banquet des peuples, mis en scène par Roland Auzet, revient sur les grands événements historiques qui ont présidé à l’élaboration de l’Europe. Au lyrisme du texte répond l’énergie du plateau.
Une exhortation à la mémoire et à l’espoir
Comprendre d’où l’on vient pour savoir où l’on va est une démarche, somme toute, qui a fait ses preuves. De ce constat sans saveur, Laurent Gaudé a imaginé un texte en vers libres, porté par une fièvre poétique : Nous, l’Europe, banquet des peuples ( Editions Actes sud). Adapté pour le Festival d’Avignon, le récit reprend les grands événements historiques qui ont présidé à la construction de l’Europe. Sur les cendres de cette histoire sanglante, conflictuelle, meurtrière, est née une « belle utopie » , l’Union européenne. Guerres, Shoah, colonisation, ont déchiré le vieux continent. Laurent Gaudé réactive cette mémoire enténébrée dans sa violence et son horreur mais pour exhorter à l’espoir, pour défendre une autre Europe, fraternelle et unie.
Sur le plateau, Roland Auzet donne vie à cet espoir par un spectacle volontairement choral. Onze comédiens d’origine différente, le Chœur de l’Opéra Grand Avignon et quarante chanteurs amateurs se partagent l’espace. Voix, musique électroniques, batterie, guitare en live, chant, parole, tout se mêle pour peindre la richesse des différents participants à ce « banquet des peuples » auquel nous sommes conviés. Mené par Emmanuel Schwartz, sorte de tonitruant coryphée, les corps arpentent le plateau, dressent des barricades, se jettent dans le vide, se regroupent en assemblée participative pour interroger un « grand témoin » issu de la salle ou manipulent un mur immense qui, souvent, sert d’écran.
Nous, l’Europe, banquet des peuples se clôt sur un chanson, Hey Jude des Beatles, ( proposée pour remplacer L’Hymne à la joie) et sur une invitation à partager la danse sur le plateau. Si le propos aurait gagné à être plus resserré, il n’en demeure pas moins que le banquet est généreux et qu’il défend le partage et l’envie. A l’heure où les noirs égoïsmes et les idéologies fascisantes ressurgissent au sein même de l’Europe, il est important de propager le souffle vibrant de ce qui nous unit.
Festival d’Avignon #FDA19 Critique Nous, l’Europe, banquet des peuples
Texte Laurent Gaudé
Conception, musique, mise en scène Roland Auzet
Scénographie Roland Auzet, Bernard Revel, Juliette Seigneur
Lumière Bernard Revel
Chorégraphie Joëlle Bouvier
Vidéo Pierre Laniel
Musiques électroniques Daniele Guaschino
Costumes Mireille Dessingy
Collaboration artistique Carmen Jolin
Assistanat mise en scène Victor Pavel
Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen Fouéré, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault Vinçon
Et le Chœur de l’Opéra Grand Avignon et quarante chanteurs amateurs
et chaque soir un grand témoin : Aurélie Filippetti, Susan George, Aziliz Gouez, Ulrike Guérot, François Hollande, Pascal Lamy, Eneko Landaburu, Enrico Letta, Geneviève Pons, Luuk van Middela
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