L MMM Cold Blood du Collectif Kiss & Cry
Cold Blood: La mort en direct
Quelle est la toute dernière image que l’on garde avant de mourir ? Dans Cold Blood, son dernier spectacle, le Collectif Kiss & Cry imagine de répondre à cette question. Sept images, celles qui ont accompagné les derniers instants de vie de sept personnes, se créent, se recréent. En direct.
Sur le plateau du CDN de Sartrouville, dès les lumières éteintes, dans la pénombre, des manipulateurs actionnent des décors en miniature que des caméras vidéos projettent sur un grand écran tandis qu’une voix-off narre, l’une après l’autre, les histoires attachées à ces sept morts. Carton, ouate, petits objets, accessoires décalés, fumée, soufflerie, sont animés par des mains expertes afin de soutenir les univers souvent oniriques que le texte de Thomas Gunzig convoquent. Le spectateur est invité à quitter le réel et à entrer dans un monde qui touche au merveilleux et au morbide. Car même si les images sont esthétiquement magnifiques, il s’agit bien de mort, subie ou volontaire. En ce sens, le spectacle, très intense dans ses propositions, malgré ce qui est annoncé, ne convient pas à de jeunes enfants.
Une réinterprétation du Boléro de Ravel chorégraphié par Béjart
Cold Blood ou la nano-danse
Le titre est explicite, programmatique: Cold Blood. Avec sang froid, des images seront récrées. Pas n’importe lesquelles. Ces dernières images qui précédent le moment où le sang se fige et où le corps devient froid, glacé à jamais.
Mais, avant, le cinéaste Jaco Van Dormael (Toto le Héros, Mr Nobody) et la chorégraphe Michèle Anne De Mey, du Collectif Kiss & Cry nous disent qu’il faut danser. Danser comme Fred Astaire et Ginger Rogers, danser comme Pina Bausch, danser comme Jorge Donn des Ballets Maurice Béjart, danser autour d’une barre de pole dance, danser dans l’air cotonneux d’une chambre avant de sombrer.
Et dans l’univers miniature qu’ils imaginent, les danseurs sont des doigts. Personnages étranges des sept fables qui nous sont racontées, ces nano-danseurs interprètent des numéros de claquettes virevoltantes, des marches poétiques, des solos puissants et des motifs psychédéliques que les caméras livrent en direct sous les yeux fascinés de ceux qui regardent.
La réussite de Cold Blood tient à la création tout à fait originale et envoûtante de cet univers particulier où le rêve côtoie le cauchemar éveillé.
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