LM M Les Batteurs mise en scène Adrien Béal
Le cœur des batteurs
Peut-on faire d’une batterie un élément de langage? Le Théâtre du Déplié sur le plateau du TG2 semble vouloir l’expérimenter. Sur scène, six batteurs, quatre hommes et deux femmes ( Anthony Capelli, Heloïse Divilly, Arnaud Laprêt, Louis Lubat, Christiane Prince et Vincent Sauve) s’apprivoisent pour constituer petit à petit ce qui est amené à devenir une communauté soudée. A l’aide de leur instrument, ils se testent, s’affrontent, se découvrent et s’acceptent au fil des sonorités qu’ils tirent des cymbales et des caisses claires. Chacun fait parler sa batterie jusqu’au moment ultime où, ensemble, elles résonnent comme un seul cœur, puissant et terrible, dans le noir.
La mise en scène d’Adrien Béal est rigoureuse. Elle parvient à faire exister chaque individualité dans le groupe et à libérer les instruments de leur pesanteur. Les grosses caisses, les cymbales, bougent, se désolidarisent, s’associent au gré des échanges et s’approprient l’espace au fil des prises de parole. C’est sans doute la partie la plus réussie du spectacle.
En revanche, le texte qui accompagne le dispositif scénique et musical ne présente pas vraiment d’intérêt. Si la parole des batteurs liée à leur histoire personnelle, à une anecdote de tournée, à une recherche musicale retient l’attention, tout le développement sur « les voyageurs » appauvrit l’ensemble. La reprise de ce thème en fin de spectacle casse ce qui avait été perçu comme du second degré et affadit le propos.
Reste, la prestation exceptionnelle des batteurs, virtuoses et généreux.