Illusions, la force CRÉATRICE de l’amour
Au 11 Gilgamesh Belleville, Olivier Maurin présente Illusions d’Ivan Viripaev. Un quatuor formidable. Un dispositif original qui place le spectateur à la table de la confidence. Émotion. Justesse. Partage.
Quelle belle histoire, a priori, nous raconte-t-on ? Celle d’un couple, marié depuis plus de cinquante années. Très proche d’un autre couple. Amis fidèles. L’homme a maintenant quatre-vingt ans et, sur son lit de mort, celui-ci appelle sa femme pour lui déclarer combien son amour l’a porté, grandi. Il lui exprime sa reconnaissance pour cet amour qui fut réciproque, pour cet amour véritable qui a rempli leur vie. Moment de grande intensité. Aveu qui bouleverse.
La femme reçoit cette ultime preuve d’amour. Accompagne son mari jusqu’à ces derniers instants. Puis, pour elle aussi, vient le temps de partir et de parler, à celui qu’elle a toujours aimé… le meilleur ami de son mari. Monologue magnifique qui fait vaciller les certitudes. Le véritable amour n’est donc pas réciproque. Il est dans le don, dans l’oubli de soi. Il se remplit de lui-même sans espoir de retour. Le jeu d’illusions ne s’arrêtera pas là…
Illusions, les comédiens au cœur de l’enjeu théâtral
Illusions, le texte d’Ivan Viripaev, superbement traduit par Tania Moguilevskaia et Gilles Morel, construit sa dramaturgie par le récit. Le personnage se crée devant les yeux du spectateur par sa narration. Le comédien est donc placé au cœur de l’enjeu théâtral. C’est lui qui fait exister par l’intensité de son incarnation le personnage et sa parole. Olivier Maurin a confié à quatre jeunes comédiens (Clémentine Allain, Fanny Chiressi, Arthur Fourcade, Mickaël Pinelli) la charge créatrice des personnages.
Pour brouiller les pistes et intensifier l’illusion, le metteur en scène choisit de laisser Clémentine Allain livrer les deux monologues du début. Elle est Dennis puis Sandra. Intense, passionnante, sur le fil, la jeune actrice embarque le spectateur dans les profondeurs du sentiment amoureux.
Le dispositif, au plus proche des acteurs, participe à l’émotion. Le spectateur rit, se fait duper, frémit et boit la coupe d’amertume. Le verre est là, sur la table. Il n’y a qu’à le prendre à l’invitation des comédiens. Olivier Maurin livre une mise en scène sobre et inspirée où l’amour et sa force créatrice vibrent et résonnent. Une réussite !
6 – 27 JUILLET À 17H05
Relâches les 11 et 18 juillet Salle 2
http://www.11avignon.com/infos-pratiques
Auteur Ivan Viripaev Texte édité aux éditions Les Solitaires Intempestifs
Traduction du russe Tania Moguilevskaia, Gilles Morel
Metteur en scène Olivier Maurin
Avec Clémentine Allain, Fanny Chiressi, Arthur Fourcade, Mickaël Pinelli
Scénographie Guillemine Burin des Roziers
Lumières Nolwenn Delcamp Risse