Critique La Vie Rêvée

mise en scène Kelly Rivière

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La vie rêvée
© Pauline Le Goff

Avec La Vie Rêvée, Kelly Rivière propose un seule en scène à la fois drôle, poignant et d’une sincérité désarmante. Entre autofiction et performance virtuose, elle y explore, à travers son double fictif, les chemins escarpés d’une vocation artistique contrariée. Ceux qui avaient aimé An Irish Story, son précédent opus, retrouveront avec plaisir son humour décapant et sa vivacité de jeu. 

La Vie rêvée : un seule en scène choral

Après An Irish Story, Kelly Rivière poursuit avec humour et émotion son exploration autofictionnelle dans son nouveau spectacle, La Vie Rêvée. Seule en scène, elle incarne Kelly Ruisseau, son double fantasmé. Cette comédienne quadragénaire pétillante, ballottée entre rêves d’enfance et naufrages professionnels, s’y dévoile avec dérision. Dès les premières minutes, une danseuse en tutu salue sous les applaudissements. Ce qui ressemble à une fin marque en réalité le début d’un périple intime et mémoriel. Sur un fil, entre lucidité et tendresse, l’artiste retrace son parcours cabossé. Les auditions féroces, le théâtre d’entreprise, béquille alimentaire, se confrontent à un rêve trop grand pour les contraintes du réel.

Ce récit quasi initiatique au féminin se déploie dans une partition chorale, où Kelly Rivière incarne à elle seule, comme elle sait si bien le faire, une foule de personnages. Proches, mentors, figures aimées ou fantômes de l’enfance prennent vie par un geste ou une intonation. Apparaissent, entre autres, sa mère irlandaise acerbe, sa mamie méridionale aimante et désorientée, ou l’enfant fiévreuse rêvant de devenir cygne sous les projecteurs. Le théâtre devient un terrain d’expérimentation joyeuse et mélancolique, un lieu où dialoguent vivants et disparus. À travers cette virtuosité d’interprétation, Kelly Rivière questionne l’idée de réussite et celle de l’acceptation à certains renoncements.

Une scénographie inspirante 

La scénographie, signée Estelle Gautier, agit comme un écrin onirique. Dans un cercle de plumes blanches et grises, le décor et les accessoires renvoient au monde de l’enfance et celui d’un rêve pailleté. Un tutu de tulle suspendu, une lampe sur pied vintage prisonnière d’une gigantesque toile d’araignée, un petit banc, un piano noir, prennent place devant un grand rideau léger parsemé d’éclats mordorés. La Vie rêvée s’empare du plateau. Dans un cercle ouaté, Kelly Rivière, court, joue, danse et chante. A la fin, La Pie voleuse de Rossini. métaphore du personnage, devient un symbole de liberté et de résistance. Kelly Ruisseau ne sera pas une étoile de l’Opéra, mais elle continue de voler, insolente et déterminée. Pour notre plus grande joie.

Avec ce second opus théâtral, Kelly Rivière creuse un sillon singulier, entre introspection et satire douce-amère. Elle transforme les échecs ordinaires en aventures burlesques, les humiliations en scènes de bravoure. Sans jamais sombrer dans le pathos ou l’aigreur, La Vie Rêvée conjugue rire et chagrin, désillusion et tendresse, et ne peut que toucher.

La Vie rêvée est spectacle sensible et drôle, porté par une comédienne au talent éclatant. Kelly Rivière touche juste, entre rires et émotions.

Les M de M La Scène : MMMMM

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Applaudissements à la suite de la réprésentation du 9 juillet au 11 Avignon

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La Vie Rêvée

11 Avignon

Jusqu’au 24 juillet à 20h50

Conception et interprétation Kelly Rivière

Collaboration à l’écriture et à la dramaturgie David Jungman

Collaboration artistique Maïa Sandoz

Regards complices Jalie Barcilon, Sarah Siré

Collaboration à la chorégraphie Gilles Nicolas

Lumières Laurent Schneegans

Création son Vincent Hulot

Scénographie Estelle Gautier

Costumes Elisabeth Cerqueira

Coach vocal Jeanne-Sarah Deledicq

Régie générale Frédéric Evrard

Régie son Grégoire Leymarie


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