Critique Icare la tête ailleurs

mise en scène Achille Sauloup

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Icare la tête ailleurs
© Cie petites perceptions

Au Théâtre du Train bleu, Icare la tête ailleurs, de la Cie petites perceptions, imagine un Icare enfermé dans le labyrinthe de ses peurs. Le décor et le dispositif scénique, mal proportionnés, entravent malheureusement les acteurs et l’imaginaire.

Icare sans les ailes

Si tout le monde connait les noms du Minotaure, d’Ariane, de Dédale et d’Icare, parfois les liens entre ces personnages grecs mythiques s’oublient. Il faut revenir aux origines de la malédiction. Sur l’île de Crète, le roi Minos avait gardé pour lui, un taureau blanc, magnifique, destiné à honorer Poséïdon. Le dieu offensé abattit sa vengeance sur Pasiphaé, la femme du roi, la contraignant à s’éprendre d’un taureau. De cette union contre-nature, naquit le Minotaure. Minos demanda alors à l’architecte Dédale de concevoir un labyrinthe pour y cacher son fils monstrueux.

Ariane, la fille de Minos, permit à Thésée, dont elle était tombée amoureuse, de tuer le Minotaure en lui offrant la possibilité de sortir du labyrinthe, grâce à un fil. Le roi furieux emprisonna Dédale et son fils Icare dans le labyrinthe. Mais, l’ingénieux architecte conçut des ailes pour sortir de la prison. Faites de plumes, collées par de la cire, elles permirent aux deux hommes de s’échapper. Hélas, Icare grisé par la liberté et l’hybris qui le saisissait, s’approcha trop du soleil. La cire fondit et il mourut noyé dans les flots.

La création Icare la tête ailleurs se saisit du mythe mais imagine un Icare prisonnier de ses peurs. La lecture se veut psychanalytique. Le grand enfant (Mattias De Gail) semble sous le joug de Dédale (Achille Sauloup). Son mal être est tel que les mots se chevauchent et qu’il ne parvient pas à clarifier sa pensée. Icare aspire à l’envol. Son père, figure castratrice, l’enchaîne à ses peurs. Tandis qu’Ariane (Katerini Antonakaki) tire les fils de son imaginaire, en lui répétant, cependant, l’issue fatale qui sera la sienne.

La Cie petites perceptions fait évoluer les personnages dans un espace contraint. La première image montre Icare comme dans une prédelle. Le décor, constitué de structures en bois mobiles, de portes écrans, placé en avant-scène, se double de la multitude de fils tendus par Ariane.

Visuellement, trop près du public, les comédiens, paraissent entravés par le dispositif. Le geste se heurte aux battants de bois, se prend dans les fils. La préparation des effets est, hélas, aussi visible dans l’encablure des portes. L’imaginaire, ainsi bridé, reste prisonnier d’un ensemble qui paraît mal dimensionné. Le spectacle, en gagnant en profondeur de champ, aurait permis notamment aux actions de premier plan, parfois cocasses, de prendre de l’ampleur et du relief face aux projections.

Icare la tête ailleurs, de la Cie petites perceptions, gêné par la complexité de son dispositif scénique, ne parvient pas à prendre son envol, malgré quelques jolies idées. A voir au Théâtre du Train bleu.

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Icare la tête ailleurs

Théâtre du Train bleu

jusqu’au 21 juillet, jours impairs
 17h15

texte et mise en scène Achille Sauloup
mise en espace et création sonore Katerini Antonakaki
musique Ilias Sauloup
création d’images Olivier Guillemain
lumière Gwenaëlle Krier
regard exterieur Florian Choquart
avec Mattias De Gail, Achille Sauloup et Katerini Antonakaki

cie petites perceptions


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