Critique L’Odeur de la guerre

De et avec Julie Duval

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L'odeur de la guerre
© Thomas O'Brien

Dans L’Odeur de la guerre, un seule en scène percutant et drôle, aux résonances autobiographiques, Julie Duval emporte l’adhésion et touche au coeur. Après avoir triomphé au Festival d’Avignon, le spectacle revient à La Scala Paris.

Une guerrière moderne

Pieds nus, en brassière et short noirs, Julie Duval livre une performance théâtrale haletante dans L‘Odeur de la guerre. Mis en scène par Elodie Menant et Juliette Bayi, le seule en scène explore les ressorts intimes de la violence et des blessures de l’âme. Le spectacle percutant et drôle nous plonge dans le monde complexe et sans pitié de Jeanne. La jeune femme se prépare à monter sur le ring pour son premier championnat de boxe thaïlandaise, le muay-thaï. Mais au-delà de l’action physique, L’Odeur de la guerre est un parcours de vie, un cri d’émotions, un tourbillon de révoltes incomprises et l’itinéraire d’un corps violenté qu’il s’agit de refaire sien.

Un punching-ball coloré, une paire de gants de boxe, un banc, des chaussures à talons, constituent les seuls éléments du décor. Les lumières de Thomas Cottereau  font le reste. Découpant et sculptant l’espace, elles accompagnent le personnage de Jeanne dans sa trajectoire émotionnelle.

La mise en scène d’Elodie Menant et Juliette Bayi, épurée mais, néanmoins, rythmée comme un montage cinématographique, laisse toute la place à la comédienne. A elle seule, celle-ci donne vie à une galerie de personnages contrastés. Son corps se contracte, se tord, se relâche, épousant tour à tour la rigidité autoritaire du père, la fragilité obsessionnelle de la mère ou l’exigence implacable du coach. Julie Duval se fond dans chaque rôle avec une aisance stupéfiante. Chaque détail, un regard, un bras le long du cou, un tic nerveux, un souffle retenu, porte en lui toute la densité affective ou humoristique du personnage. Son interprétation, traversée par des résonances personnelles, donne aux personnages une profondeur certaine. Pendant plus d’une heure, le spectateur ne lâche pas la comédienne, jusqu’à la belle scène finale, aux ralentis suspendus.

Dans L’Odeur de la guerre Julie Duval campe une guerrière moderne qui puise sa force autant dans le sport que dans sa quête de liberté. Entre violence et résilience, le théâtre et la boxe se rejoignent dans une même pulsation.

Les LM de M La Scène : LMMMMM

L’Odeur de la guerre

La Scala ParisDu

2 février au 18 mai 2025

De et avec Julie Duval.  
Mise en scène Juliette Bayi et Élodie Menant.
Collaboration dramaturgie Juliette Bayi et Élodie Menant. 
Création Lumières Thomas Cottereau.
Compositeurs Rodolphe Dubreuil et Rob Adans.
Chorégraphie Julie Cash.


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