Critique Palingénésie

Chorégraphie Po-Hsiang Chuang

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Palingenesie

Avec Palingénésie, Po-Hsiang Chuang s’impose comme une voix majeure de la scène taïwanaise, dont le retour au Festival Off d’Avignon, après une édition 2024 déjà acclamée, confirme la vitalité. A travers ce trio radical et sensible, le chorégraphe esquisse une réponse discrète mais puissante aux fractures du monde contemporain. 

Palingénésie, entre nudité originelle et résilience poétique

Au Théâtre La Condition des soies, dans une semi-obscurité où chaque mouvement semble suspendu entre la materia prima et l’espace sacré, Po-Hsiang Chuang convoque la Palingénésie, cette idée ancienne de renaissance perpétuelle, de régénération des êtres comme des sociétés. Son spectacle 㒩 (luǒ)  en chinois, dont le titre évoque une nudité première, débarrassée de tout artifice, revisite le cycle de la vie, non pas comme une ligne droite, mais comme une spirale où la mort n’est jamais une fin, seulement un passage. Avec une sobriété visuelle maîtrisée, le chorégraphe taïwanais impose un rythme organique à cette méditation dansée sur le sens de l’existence.

Entre dépouillement scénique et tension corporelle, les interprètes ( Shi-Hao Huang, Kuan-Ling Lee, Chien-Yao Liao, Kuan-Ying Ong) incarnent des corps-mondes. Traversés par la force et la fragilité, ces entités naissent, s’épuisent, puis renaissent. Par une gestuelle fluide, parfois heurtée, Po-Hsiang Chuang questionne notre rapport au temps, à la matière, à l’identité même de l’humain.

Danser pour renaître : le souffle du cycle 

Dans un espace nu, habité de pénombre, les corps sculptés par la lumière se découvrent. Structure originelle, brute, vivante, mouvante. Les danseurs imbriqués, soudés, paraissent faits de la même glaise. Sans visage, revêtus de masques terribles, ces créatures impressionnantes et puissantes évoquent les premiers êtres qui hantent les mythologies. Géants prisonniers du Tartare, êtres détenus dans le ventre obscur et fertile d’un monde en devenir.

Leurs corps, quasi nus, liés par la même quête de vie, frappent le sol et respirent à l’unisson. Ensemble, liés l’un aux autres, ces êtres étranges et inquiétants font l’expérience de la vie, de la mort et de la renaissance. Comme le suggère le titre Palingénésie, non pas identiques, mais augmentés de toute la mémoire des cycles passés.

 Palingénésie de Po-Hsiang Chuang plonge le spectateur dans une boucle poétique et déroutante d’où il sort bousculé. La  chorégraphie ne se contente pas de célébrer la renaissance, elle propose une mise à nu de l’être face à son destin et une voie vers un apaisement possible.

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APPPLAUdISSements FESTIVAL D'AVIgnON le 10 juillet

TEASER DU SPECTACLE PALINGENESIE

Palingénésie

Condition de soies 

4 au 26 juillet à 16h15

Chorégraphie Po-Hsiang Chuang
Interprétation : Shi-Hao Huang, Kuan-Ling Lee, Chien-Yao Liao, Kuan-Ying Ong
Lumière : Ze-Hong Tseng
Production : Yu-Hong Lin

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