Critique Nyotaimori

mise en scène Renaud Diligent

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Nyotaimori
ChatGPT a dit :

Et si le travail n’était plus seulement un choix, mais une norme insidieuse qui façonne nos corps et nos existences ? Dans Nyotaimori, la dramaturge québécoise Sarah Berthiaume explore avec mordant et étrangeté les dérives d’un monde où la performance prime sur l’humain. Mis en scène avec finesse par Renaud Diligent, ce récit hybride oscille entre burlesque et tragédie. Les corps deviennent les premiers territoires de l’aliénation.

Nyotaimori, quand le travail dévore les corps

Le titre n’est pas choisi au hasard. Nyotaimori, en japonais, c’est  l’art de manger des sushis sur le corps d’une femme nue. C’est-à-dire, de la réduire à une table. Comme le travail, qui façonne, use et transforme les corps en simples outils de production.

Nyotaimori, de la dramaturge québécoise Sarah Berthiaume est une fable acide, percutante sur l’aliénation contemporaine par le travail. Sur fond de réalisme magique, la pièce met en scène Maud, journaliste au bord de l’épuisement, qui bascule dans un cauchemar éveillé aux côtés d’un ouvrier japonais et d’une couturière indienne. Trois destins broyés par le capitalisme mondialisé, reliés par une même absurdité, nous sont contés. Chacun doit se tuer à la tâche, obéir, servir, pour produire. Une femme se rêve table à sushis. Un homme embrasse une voiture pendant des heures pour gagner un concours. Une autre aspire à fonder une famille quand son entreprise l’invite à congeler ses ovules. Le propos est grinçant, drôle, terriblement juste.

Une fresque maîtrisée

La mise en scène de Renaud Diligent accompagne avec justesse cette fresque éclatée, sans jamais chercher à tout lisser ou à tout expliquer. Sa direction d’acteurs, précise mais jamais rigide, laisse affleurer la fragilité et l’absurde des situations, portée par l’engagement d’Élisabeth Hölzle, Claire Théodoly et Sébastien Chabane. Claire Théodoly donne notamment beaucoup d’humanité à son personnage.  Les décors modulables ouvrent un espace mental mouvant, entre visions industrielles et paysages intimes en ruine. Quant à la musique électro-pop jouée en live, signée Gabriel Afathi, elle enveloppe le spectacle d’une séduction troublante, d’une tonalité presque euphorique. Celle-ci n’est pas sans évoquer l’emprise sournoise d’un libéralisme qui charme autant qu’il consomme si ce n’est consume.

Nyotaimori refuse les cases et mêle habilement le grotesque et le tragique. Le rire masque la douleur. L’étrange révèle le réel. Le plateau devient un miroir sans concession de notre époque post-pandémique. Dans cette fresque hallucinée, chacun pourra reconnaître une part de lui-même, épuisé, écartelé entre productivité et humanité. En resserrant certaines situations finales, la représentation aurait encore gagné en efficacité.

 

Nyotaimori, de Sarah Berthiaume, mis en scène par Renaud Diligent questionne le sens du travail avec audace et lucidité. L’œuvre mêle poésie, humour noir et vertige existentiel. Un miroir tendu vers notre époque où le travail peut broyer les identités et les rêves au nom de la performance.
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Nyotaimori

Présence Pasteur

du 5 au 26 juillet à 11h00

de Sarah Berthiaume

Mise en scène : Renaud Diligent

Musique originale : Gabriel Afathi [Membre de The Georges Kaplan Conspiracy]

Avec : Sébastien Chabane, Élisabeth Hölzle & Claire Théodoly

Interprétation Musicale Live : Émilien Dodeman

Collaboration Dramaturgique : Sarah Cillaire
Scénographie : Emmanuelle Debeusscher
Régisseur Général : Anthony Dascola
Lumières :Pascale Renard
Régie Lumière : Laurie Salvy
Régie son et création sonore : Anthony Dascola et Robin Charlet
Costumes : Cécile Schoumiloff
Chargée de Production : Gallane Decerle

Le texte est publié aux éditions de ta Mère

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