Critique Nexus de l’adoration

Chorégraphie Joris Lacoste

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Nexus de l'adoration
© Christophe Raynaud de Lage

De façon audacieuse et originale, avec sa nouvelle création Nexus de l’adoration, Joris Lacoste transforme le plateau en rituel pop et queer, fusionnant liturgie décalée, comédie musicale et inventaire infini du monde contemporain. 

Nexus de l’adoration : Accueillir toute chose

Êtes-vous prêts pour entrer dans la célébration d’un nouveau culte ? Celui de Nexus, où il s’agit d’exalter toutes les choses du monde. Sans limite. ni hiérarchie, de façon exhaustive, dans l’infini des possibles.

Nexus de l’adoration de Joris Lacoste convoque avec humour la religion comme une architecture symbolique. Il s’agit de tenter d’embrasser l’hétérogénéité du monde contemporain. En détournant les codes de la liturgie et de la comédie musicale, le metteur en scène invente un rituel scénique inédit. Celui-ci s’apparente à une cérémonie queer et performative, où la parole, le chant et le geste fusionnent pour célébrer un monde saturé d’éléments disparates, sans jamais les classifier, ni les ordonner. Ce projet, aussi conceptuel qu’organique, ne cherche pas à imposer une vision. Toutes les formes, toutes les voix, tous les récits, jusqu’aux plus triviaux, peuvent être accueillis.

Dès les premières minutes, au ralenti, au cœur d’une brume bleutée, les danseurs prennent la parole. Leurs voix presque synthétiques entament la liste des choses à adorer d’égale manière. Un chargeur de téléphone, un battement de cœur, un fusil chargé, un sonnet de Shakespeare, un conseil indésirable… Parmi ces interprètes, Daphné Biiga Nwanak, qui confirme depuis Absalon, Absalon ! la puissance de son jeu, officie en maître. Dès lors, le spectacle se déploie sous le signe du fragmentaire et de l’inclusif.

Habillés de costumes dépareillés, les interprètes incarnent cette hybridité jusque dans leur corps. En évoluant entre chant, danse, prêche et parfois stand-up, ils rejouent les rituels d’une société éclatée, où les références individuelles se heurtent, se croisent, se répondent sans jamais se fondre. Joris Lacoste ainsi célèbre la friction des singularités. Chaque spectateur est libre de relever une phrase, un geste, une mélodie, selon son vécu ou ses rêveries du moment.

Rassembler ce qui semblait épars

Même si on peut regretter certaines longueurs. Nexus ou l’adoration propose une construction dramaturgique d’une grande rigueur. Le spectacle ne se contente pas d’aligner des fragments. Il les chorégraphie, les agence avec une sensibilité poétique qui dépasse le simple collage. Certaines séquences ouvrent des brèches d’intimité. Comme le récit personnel sur la mort d’une mère, un jour de première. Ces moments touchants font comprendre au spectateur que cette célébration de la diversité cherche aussi, avec douceur, à recréer du lien. Derrière le foisonnement, le spectacle tente de rassembler ce qui semblait épars.

Au terme de ces deux heures foisonnantes, Nexus de l’adoration apparaît comme une fresque polyphonique dense. Le spectacle refuse la narration pour mieux faire vibrer la complexité du réel. Joris Lacoste ne propose pas un récit du monde, mais un inventaire exalté et généreux de ses traces. Porté par tous ses interprètes, le spectacle construit un véritable nexus. Ce point de convergence où les différences peuvent, un instant, cohabiter en paix.

Nexus de l’adoration de Joris Lacoste est un spectacle foisonnant et poétique qui fait du plateau un espace de célébration totale et joyeusement chaotique du monde.

Les LM de M La Scène : LMMMMM


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Applaudissements après la représentation du 9 juillet au lycée Aubanel - Festival d'Avignon 2025

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Nexus de l’adoration

79e édition du Festival d Avignon

Conception, texte, musique, mise en scènechorégraphie Joris Lacoste
Scénographie et lumière Florian Leduc
Collaboration à la danse Solène Wachter
Collaboration musicale et sonore Léo Libanga
Costumes Carles Urraca
Interprétation et participation à l’écriture Daphné Biiga Nwanak, Camille Dagen, Flora Duverger, Jade Emmanuel, Thomas Gonzalez, Léo Libanga, Ghita Serraj, Tamar Shelef, Lucas Van Poucke
Son Florian Monchatre
Assistanat à la mise en scène et à la dramaturgie Raphaël Hauser
Coaching vocal Jean-Baptiste Veyret-Logerias
Régie plateau Marine Brosse, Seydou Grépinet


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