Critique Le Menteur
mise en scène Marion Bierry

Au Théâtre du Girasole, Le Menteur de Corneille renaît sous la houlette inspirée de Marion Bierry, qui en offre une lecture vive, décalée et résolument jubilatoire. Portée par une mise en scène inventive et une troupe galvanisée, cette comédie baroque s’affranchit des codes pour mieux en révéler la gaieté.
Le Menteur sur un air d’opérette
Au Théâtre du Girasole, Marion Bierry redonne vie à la comédie Le Menteur de Corneille, avec une réjouissante liberté de ton. Loin des carcans académiques, cette version pétillante transporte l’intrigue dans un Paris stylisé de l’époque du Directoire. Les costumes soignés et les musiques anachroniques composent un tableau visuel et sonore délicieusement décalé. L’ensemble n’est pas sans évoquer par ses airs, la gaieté et la vivacité des opérettes d’Offenbach. Cette comédie d’invention, souvent reléguée dans l’ombre des grandes tragédies cornéliennes, retrouve toute sa flamboyance. La mise en scène de Marion Bierry assume sa légèreté, son impertinence et en traduit la vivacité.
Dorante, provincial en quête de panache et de reconnaissance, s’installe dans la capitale avec une ambition simple : séduire à tout-va. À défaut de gloire véritable, il s’en forge une en accumulant les fables plus brillantes les unes que les autres. Mensonges militaires, fêtes chimériques, mariages arrangés sortis tout droit de son imagination fertile… Rien ne l’arrête dans sa course effrénée à l’illusion et au plaisir de la manipulation.
Une troupe affûtée
Alexandre Bierry incarne ce hâbleur avec une énergie débordante. Il est tout à la fois cabotin, charmeur, ridicule et attendrissant. Autour de lui, une troupe affûtée manie le comique de situation et l’alexandrin avec une aisance réjouissante. Benjamin Boyer campe un Cliton plus philosophe que serviteur, tandis que les jeunes premières, Marion Lahmer et Mathilde Riey, jouent de leur intelligence et de leur coquetterie avec malice.
La scénographie signée Nicolas Sire, faite de modules mouvants, joue à la fois sur l’horizontalité et la verticalité. Des ouvertures carrées dans chacun des panneaux ménagent des apparitions amusantes. Les têtes des personnages surgissent ainsi à différents endroits et renforcent l’idée de personnages sous le regard des autres. La vérité semble à chaque fois échapper à toute volonté de la connaître.
Avec Le Menteur, Corneille signe une comédie jubilatoire sur le pouvoir du langage. Marion Bierry en fait un feu d’artifice scénique où le passé flirte hardiment avec le présent. Aucune prétention à moderniser à tout prix ne s’affiche, mais plutôt une volonté de la transposition vivante. Le public rit beaucoup face à ce joyeux tissu de mensonges.
Le Menteur, version Marion Bierry confirme que la comédie de Corneille, lorsqu’elle est ainsi révélée, n’a rien perdu de sa sève ni de sa virtuosité.
Les M de M La Scène : MMMMM
Applaudissements après la représentation du 11 juillet 2025 au Théâtre du Girasole, Festival Off d'Avignon
Le Menteur
de Corneille
jusqua’au 26 juillet à 12h
Mise en scèbe Marion Bierry
Avec Alexandre Bierry, Stéphane Bierry, Benjamin Boyer, Marion Lahmer, Mathilde Riey, Mathurin Voltz.
Décor Nicolas Sire
Costumes Virginie Houdinière
Lumières Laurent Catsaingt
Assistant Mise en scène Denis Lemaître
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