Critique J’ai plusieurs terres

A la Factory, Salle Tomasi, le seule en scène J’ai plusieurs terres de Mavikana Badinga fait du théâtre un espace de filiation, d’exploration et de réappropriation. Un récit à la première personne qui embrasse l’histoire collective, notamment, celle des liens géostratégiques entre le Gabon et la France.

J’ai plusieurs terres : La mémoire en héritage

J’ai plusieurs terres, Mavikana Badinga livre un seule en scène aussi intime que politique, inspiré de sa propre trajectoire. Née en Belgique, d’ascendance gabonaise, française et portugaise, aujourd’hui installée en France, l’autrice et interprète interroge la complexité d’une identité fragmentée dans un monde où l’universel reste trop souvent blanc et masculin.

Ce récit personnel, publié aux éditions Koïnè, traverse trois générations et devient spectacle. A la recherche de son grand-père maternel, homme politique majeur et figure de l’indépendance gabonaise, la petite-fille, fière de son ascendance, se construit cependant en quête de repères dans une société où les modèles lui échappent. Mavikana Badinga convoque sur scène des présences familiales, inspirantes, souvent invisibilisées, pour reconstruire une mémoire trop souvent effacée.

Entre théâtre et documentaire, mêlant archives sonores, images et musiques, J’ai plusieurs terres explore les marques encore visibles du passé colonial et les prolongements silencieux parfois peu reluisants de la Françafrique. Loin de tout didactisme, le spectacle tisse des liens entre mémoire familiale et histoire collective, révélant comment les héritages politiques, culturels et intimes se répercutent dans les corps et les trajectoires.

En donnant voix à ces mémoires souvent passées sous silence, Mavikana Badinga affirme dans J’ai plusieurs terres, la nécessité de reconfigurer les récits, de redonner place à ceux et celles qu’on a longtemps tenus à la marge. Un seule en scène lumineux où il est question de revendiquer avec fierté son héritage.

Les LM de M La Scène : LMMMMM

J’ai plusieurs terres

La Factory (Salle tomasi)

Avec Mavikana  Badinga
Mise en scène Mavikana Badinga, Julien Graux, Raquel Silva.
Dramaturgie Julien Graux, Raquel Silva.
Création lumières, vidéo Sébastien Sidaner.
Ingénieur du son Maxence Collart.
Scénographie Alexandrine Rollin, Sébastien Sidaner.
Construction Alexandrine Rollin.
Témoignages, voix off, chant Marie-Madeleine Sousatte;
Collaboration graphique Kofoh Nzau.
Conception costume Alexandra Épée.
Confection costume Marie-Madeleine Sousatte.