Critiques Monstres

mise en scène Elisa Sitbon Kendall

63
Monstres

Dans Monstres, Elisa Sitbon Kendall signe une première pièce audacieuse qui embrase la scène autant qu’elle interroge la place de l’artiste face aux récits qu’il choisit de porter. Servi par quatre jeunes comédiens à l’engagement sans faille, le plateau devient un huis clos de création et de confrontation. Découvrez ci-dessous l’interview exclusive d’Elisa Sitbon Kendall par M La Scène.

Monstres ou la légitimité de la parole artistique 

Dès les premières instants, le ton est donné. Quatre  jeunes comédiens accueillent le public dans une ambiance de fin de soirée euphorique. Autour d’une table, ils rient, chantent, dansent, célèbrent le plaisir d’être ensemble en résidence. pour une création La complicité règne. Mais bientôt tout bascule insensiblement.

Noé, jeune auteur en quête de sens, propose un travail inspiré du couple Schwarz-Bart. Il choisit de monter Mon beau capitaine de Simone Schwartz-Bart. Rapidement ses partenaires de création s’enflamment. Qui peut faire récit ? Peut-on vraiment porter sur scène ou écrire l’histoire d’un autre quand on en ignore la douleur intime ? La tension monte, les voix s’élèvent, les regards se durcissent. Peu à peu, la scène se transforme en champ électrique, où chaque réplique fend l’air comme une lame et atteint l’autre profondément.

Signée Elisa Sitbon Kendall, cette première pièce portée avec fougue par quatre jeunes comédiens ( Bonnie Charlès , Olenka Ilunga , Eugène Marcuse, Robert Moundi) interroge la légitimité de la parole artistique. Sur fond de jazz, de rap et d’électro, les corps bougent, s’entrechoquent, les idées claquent, et les identités s’exposent à vif.

Monstres cherche avant tout à faire émerger la complexité du propos. En écho à l’histoire méconnue d’André et Simone Schwarz-Bart — lui Juif rescapé, elle Guadeloupéenne —, la pièce interroge les blessures héritées, les accès au récit, les privilèges invisibles. À l’heure où les réseaux sociaux polarisent les débats, ce théâtre-là ose la nuance, le conflit fécond, et cette question essentielle : qui a le droit de raconter ?

Monstres d’Elisa Sitbon Kendall ne cherche pas à donner des leçons. Le spectacle questionne, dérange, ouvre des brèches. Dans ce théâtre en tension, la jeunesse crie fort, doute à voix haute, et revendique le droit à l’erreur comme à la parole. Une pièce qui ne peut qu’interpeler.

Les LM de M La Scène : LMMMMM

Monstres

FACTORY (LA) – 3-Salle Tomasi

Mise en scène : Elisa Sitbon Kendall
Interprétation :Bonnie Charlès , Olenka Ilunga , Eugène Marcuse, Robert Moundi
Création lumière : Gaspard Gauthier
Costumes : Lucie Duranteau
Scénographie : Bastien Forestier
Intéressés par une autre critique de M La Scène sur un spectacle du Festival Off ? Celle-ci pourrait vous intéresser : Critique Majola mise en scène de Caroline Darnay